ACTE I, SCENE IV. 331
ANTOINE,
11 faudrait Olre craint : c’est ainsi que l’on règne.
CÉSAR.
Va, ce n’est qu’aux combats que je veux qu’on me craigne.
ANTOINE.
Le peuple abusera de ta facilité.
CÉSAR.
Le peuple a jusqu’ici consacré ma bonté : Vois ce temple que Rome élève à la Clémence.
ANTOINE,
Crains qu’elle n’en élève un autre à la Vengeance ; Crains des cœurs ulcérés, nourris de désespoir, Idolâtres de Rome, et cruels par devoir. ’
Cassius alarmé prévoit qu’en ce jour même Ma main doit sur ton front mettre le diadème : Déjà même à tes yeux on ose en murmurer. Des plus impétueux tu devrais t’assurer ; A prévenir leurs coups daigne au moins te contraindre.
CÉSAR.
Je les aurais punis si je les pouvais craindre. Ne me conseille point de me faire baïr. Je sais combattre, vaincre, et ne sais point punir. Allons ; et, n’écoutant ni soupçon ni vengeance. Sur l’univers soumis régnons sans violence.
FIN DU PREMIER ACTE.