348 LA MORT DE CÉSAR.
Épargnez-moi, grands dieux, i’iiorrenr de le liaïr !
Dieux, arrêtez ces bras levés pour le punir !
Rendez, s’il se peut, Rome à son grand cœur plus chère,
Et faites qu’il soit juste, afin qu’il soit mon père !
Le voici. Je demeure immobile, éperdu.
mânes de Caton, soutenez ma vertu !
SCENE IV.
CÉSAR, BRUTUS.
CF^SAR.
Eh l)ien ! que veux-tu ? Parle. As-tu le cœur d’un homme ? Es-tu fils de César ?
BRLTUS.
Oui, si tu l’es de Rome.
CÉSAR.
Républicain farouche, où vas-tu remporter ? N’as-tu voulu me voir que pour mieux m’insulter ? Quoi ! tandis que sur toi mes faveurs se répandent, Que du monde soumis les hommages t’attendent, L’empire, mes hontes, rien ne fléchit ton cœur ? De quel œil vois-tu donc le sceptre ?
BRUTUS.
Avec horreur.
CÉSAR.
Je plains tes préjugés, je les excuse même. Mais peux-tu me haïr ?
BRUTUS.
Non, César, et je t’aime. Mon cœur par tes exploits fut pour toi prévenu, Avant que pour ton sang tu m’eusses reconnu. ’ Je me suis plaint aux dieux de voir qu’un si grand homme Fût à la fois la gloire et le fléau de Rome. Je déteste César avec le nom de roi ; Mais César citoyen serait un dieu pour moi ; Je lui sacrifierais ma fortune et ma vie.
CÉSAR.
Que peux-tu donc haïr en moi ?
BRUTUS.
La tyrannie. Daigne écouter les vœux, les larmes, les avis