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ACTE III, SCl : XE Mil. 355

SCÈNE YIIl.

ANTOINE, ROMAINS, DOLABELLA.

UN RO.MAIX.

.Mais Antoine paraît,

AUTRE ROMAIN.

Qii’osera-t-il nous dire ?

UN ROMAIN.

Ses yeux versent des pleurs ; il se trouble, il soupire.

UN AUTRE.

Il aimait trop César,

ANTOINE, montant à la tribune aux liarangues.

Oui, je l’aimais, J{omains ; Oui, j’aurais de mes jours prolongé ses destins. Hélas ! vous avez tous pensé comme moi-même ; Et lorsque de son front ôtant le diadème, (’e héros à vos lois s’immolait aujourd’hui, Qui de vous, en effet, n’eût expiré pour lui ? Hélas ! je ne viens point célébrer sa mémoire ; La voix du monde entier parle assez de sa gloire ; Mais de mon désespoir ayez quelque pitié, Et pardonnez du moins des pleurs à l’amitié.

UN ROMAIN.

Il les fallait verser quand Rome avait un maître. César fut un héros ; mais César fut un traître.

AUTRE ROMAIN.

Puisqu’il était tyran, il n’eut point de vertus,

UN TROISIÈME.

Oui, nous approuvons tous Cassius et Brutus.

ANTOINE,

Contre ses meurtriers je n’ai rien à vous dire ; C’est à servir l’État que leur grand cœur aspire. De votre dictateur ils ont percé le flanc : Comblés de ses bienfaits, ils sont teints de son sang. Pour forcer des Romains à ce coup détestable, Sans doute il fallait bien que César fût coupable ; Je le crois. Mais enfin César a-t-il jamais De son pouvoir sur vous appesanti le faix ? A-t-il gardé pour lui le fruit de ses conquêtes ?