Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/364

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334 LA MORT DE CKSAR.

D’un esprit si rampant, d’un si faible courage, Qu’il puisse rej^retter Crsar et l’esclavage ? Quel est ce \ï\. Romain (]ui veut avoir un roi ? S’il en est un, qu’il parle, et qu’il se plaigne à moi. Mais vous m’applaudissez, vous aimez tous la gloire.

ROMAINS.

César fui un tyran, périsse sa mémoire !

CASsirs, Maîtres du monde entier, de Rome lieureux enfants. Conservez à jamais ces nol)les sentiments. Je sais que devant vous Antoine va paraître : Amis, souvenez-vous que César fut son maître. Qu’il a servi sous lui, dès ses plus jeunes ans. Dans l’école du crime et dans l’art des tyrans. Il vient justifier son maître et son empire ; Il vous méprise assez pour penser vous séduire. Sans doute il peut ici faire entendre sa voix : Telle est la loi de Rome, et j’obéis aux lois. Le peuple est désormais leur organe suprême. Le juge de César, d’Antoine, de moi-même. Vous rentrez dans vos droits indignement perdus ; César vous les ravit, je vous les ai rendus : Je les veux affermir. Je rentre au Capitole ; Rrutus est au sénat ; il m’attend, et j’y vole. Je vais avec Brutus, en ces murs désolés, Rappeler la justice, et nos dieux exilés ; Étoufter des méchants les fureurs intestines, Et de la liberté réparer les ruines. Vous, Romains, seulement consentez d’être heureux. Ne vous trahissez pas, c’est tout ce que je veux ; Redoutez tout d’Antoine, et surtout l’artifice.

ROMAINS.

S’il vous ose accuser, que lui-même il périsse 1

CASSIUS.

Souvenez-vous, Romains, de ces serments sacrés.

ROMAINS.

Aux vengeurs de l’État nos cœurs sont assurés.