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DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 38 ; J

  • J’ose (lire avec confiance que je suis plus attaclié aux heaux-

arts qu’à mes écrits. Sensible à l’excès, dès mon enfance, pour tout ce qui porte le caractère du génie, je regarde un grand poète, un bon musicien, un bon peintre, un sculpteur liabile (s’il a de la probité), comme un homme que je dois chérir, comme un frère que les arts m’ont donné. Les jeunes gens qui voudront s’appli- ([uer aux lettres trouveront en moi un ami ; plusieurs y ont trouvé un père, ^’oilà mes sentiments : quiconque a vécu avec moi sait bien que je n’en ai point d’autres.

Je me suis cru obligé de parler ainsi au public sur moi- même une fois en ma vie. A l’égard de ma tragédie, je n’en dirai rien. Réfuter des critiques est un vain amour-propre ; confondre la calomnie est un devoir.

1. Dans toutes les éditions de 1730 et dans celles de 1738, 17’iO, 1741, 174’2, 1740, avant cet alinéa on lisait ici dans le texte :

« L’auteur ingénieux et digne de beaucoup de considération qui vient de tra- vailler sur un sujet à peu près semblable à ma tragédie, et qui s’est exercé à peindre ce contraste des mœurs de l’Europe et de celles du nouveau monde, matière si favorable à la poésie, cnricbira peut-être le théâtre de sa pièce nouvelle. Il verra ■^i je serai le dernier à lui applaudir, et si un indigne amour-propre ferme mes yeux aux beautés d’un ouvrage. »

C’est de 1748 que date la suppression de cet aliéna, qui concerne Lefranc de Pompignan ; voyez mon Avertissement, page 372. (B.)