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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/400

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De sa famille auguste en ces lieux prisonnière,
Le ciel a par mes soins consolé la misère.
Pour le vrai Dieu Montèze a quitté ses faux dieux,
Lui-même de sa fille, a dessillé les yeux,
De tout ce nouveau monde Alzire est le modèle,
Les peuples incertains fixent les yeux sur elle :
Son cœur aux castillans va donner tous les cœurs,
L’Amérique à genoux adoptera nos mœurs ;
La foi doit y jeter ses racines profondes,
Votre hymen est le nœud qui joindra les deux mondes.
Ces féroces humains qui détestent nos lois,
Voyant entre vos bras la fille de leurs rois,
Vont d’un esprit moins fier et d’un cœur plus facile,
Sous votre joug heureux baisser un front docile ;
Et je verrai, mon fils, grâces à ces doux liens,
Tous les cœurs désormais espagnols et chrétiens.
Montèze vient ici, mon fils, allez m’attendre
Aux autels, où sa fille avec lui va se rendre.



Scène 2



Alvarès, Montèze.



Alvarès.

Eh bien votre sagesse et votre autorité
Ont d’Alzire en effet, fléchi la volonté ?

Montèze.

Père des malheureux, pardonne si ma fille,
Dont Gusman détruisit l’empire et la famille,
Semble éprouver encore un reste de terreur,
Et d’un pas chancelant, marche vers son vainqueur.
Les nœuds qui vont unir l’Europe et ma patrie
Ont révolté ma fille en ces climats nourrie ;
Mais tous les préjugez s’effacent à ta voix,
Tes mœurs nous ont appris à révérer tes lois ;
C’est par toi que le ciel à nous s’est fait connaître,
Notre esprit éclairé te doit son nouvel être,
Sous le fer castillan ce monde est abattu,
Il cède à la puissance et nous à la vertu.
De tes concitoyens la rage impitoyable
Aurait rendu comme eux leur dieu même haïssable,