Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/401

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Nous détestions ce dieu qu’annonça leur fureur,
Nous l’aimons dans toi seul, il s’est peint dans ton cœur,
Voilà ce qui te donne et Montèze et ma fille.
Instruits par tes vertus, nous sommes ta famille,
Sers lui longtemps de père ainsi qu’à nos états :
Je la donne à ton fils, je la mets dans ses bras,
Ainsi que le Potoze, Alzire est sa conquête :
Va dans ton temple auguste en ordonner la fête,
Va, je crois voir des cieux les peuples éternels,
Descendre de leur sphère et se joindre aux mortels.
Je réponds de ma fille, elle va reconnaître
Dans le fier Don Gusman son époux et son maître.

Alvarès.

Ah ! Puisqu’enfin mes mains ont pu former ces nœuds,
Cher Montèze, au tombeau je descends trop heureux.
Toi qui nous découvris ces immenses contrées,
Rends du monde aujourd’hui les bornes éclairées :
Dieu des chrétiens, préside à ces vœux solennels,
Les premiers qu’en ces lieux on forme à tes autels ;
Descends, attire à toi l’Amérique étonnée.
Adieu, je vais presser cet heureux hyménée,
Adieu, je vous devrai le bonheur de mon fils.



Scène 3




Montèze seul.


Dieu destructeur des dieux que j’avais trop servis,
Protège de mes ans la fin dure et funeste,
Tout me fut enlevé ; ma fille ici me reste,
Daigne veiller sur elle et conduire son cœur.



Scène 4



Montèze, Alzire.



Montèze.

Ma fille, il en est temps, consens à ton bonheur,
Ou plutôt, si ta foi, si ton cœur me seconde,
Par ta félicité fais le bonheur du monde ;
Protège les vaincus, commande à nos vainqueurs,