Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/415

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Montèze.

Adieu, crois-moi, fui de ce lieu funeste.

Zamore.

Dût m’accabler ici la colère céleste,
Je te suivrai.

Montèze.

Pardonne à mes soins paternels.

(aux gardes,)

Gardes empêchez-les de me suivre aux autels.
Ces payens, élevés dans des lois étrangères,
Pourraient de nos chrétiens profaner les mystères :
Il ne m’appartient pas de vous donner des lois,
Mais Gusman vous l’ordonne et parle par ma voix.



Scène 6



Zamore, américains.



Zamore.

Qu’ai-je entendu, Gusman ! ô trahison ! ô rage !
Ô comble des forfaits ! Lâche et dernier outrage !
Il servirait Gusman ! L’ai-je bien entendu !
Dans l’univers entier n’est-il plus de vertu !
Alzire, Alzire aussi sera-t-elle coupable ?
Aura-t-elle succès ce poison détestable
Apporté parmi nous par ces persécuteurs,
Qui poursuivent nos jours et corrompent nos mœurs ?
Gusman est donc ici ? Que résoudre et que faire ?

Un Américain.

J’ose ici te donner un conseil salutaire.
Celui qui t’a sauvé, ce vieillard vertueux,
Bientôt avec son fils va paraître à tes yeux.
Aux portes de la ville obtient qu’on nous conduise.
Sortons, allons tenter notre illustre entreprise :
Allons tout préparer contre nos ennemis,
Et surtout n’épargnons qu’Alvarès et son fils.
J’ai vu de ces remparts l’étrangère structure,
Cet art nouveau pour nous, vainqueur de la nature :
Ces angles, ces fossés, ces hardis boulevards,
Ces tonnerres d’airain grondant sur les remparts,
Ces pièges de la guerre, où la mort se présente,
Tout étonnants qu’ils sont, n’ont rien qui m’épouvante.