Scène 4
M’est-elle enfin rendue ? Est-ce elle que je vois ?
Ciel ! Tels étaient ses traits, sa démarche, sa voix.
(elle tombe entre les mains de sa confidente,)
Zamore… je succombe ; à peine je respire.
Reconnais ton amant.
Zamore aux pieds d’Alzire !
Est-ce une illusion ?
Non, je revis pour toi.
Je réclame à tes pieds tes serments et ta foi.
Ô moitié de moi-même ! Idole de mon âme !
Toi, qu’un amour si tendre assurait à ma flamme,
Qu’as-tu fait des saints nœuds qui nous ont enchaînés ?
Ô jours ! ô doux moments d’horreur empoisonnés !
Cher et fatal objet de douleur et de joie,
Ah ! Zamore, en quel temps faut-il que je te voie ?
Chaque mot dans mon cœur enfonce le poignard.
Tu gémis et me vois !
Je t’ai revu trop tard.
Le bruit de mon trépas a du remplir le monde.
J’ai traîné loin de toi ma course vagabonde,
Depuis que ces brigands, t’arrachant à mes bras,
M’enlevèrent mes dieux, mon trône et tes appas.
Sais-tu que ce Gusman, ce destructeur sauvage,
Par des tourments sans nombre éprouva mon courage ?
Sais-tu que ton amant, à ton lit destiné,
Chère Alzire, aux bourreaux se vit abandonné ?