Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/431

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Mais enfin c’est à toi d’essayer désormais,
Sur ce cœur indompté la force des bienfaits.

Gusman.

Eh bien ! Si les vertus peuvent tant sur votre âme,
Pour en suivre les lois, connaissez les, madame.
Étudiez nos mœurs, avant de les blâmer.
Ces mœurs sont vos devoirs, il faut s’y conformer.
Sachez que le premier, est d’étouffer l’idée,
Dont votre âme à mes yeux est encore possédée.
De vous respecter plus, et de n’oser jamais
Me prononcer le nom d’un rival que je hais,
D’en rougir la première, et d’attendre en silence,
Ce que doit d’un barbare ordonner ma vengeance.
Sachez que votre époux qu’ont outragé vos feux,
S’il peut vous pardonner, est assez généreux.
Plus que vous ne pensez, je porte un cœur sensible,
Et ce n’est pas à vous à me croire inflexible.



Scène 3



Alzire, Émire.



Émire.

Vous voyez qu’il vous aime, on pourrait l’attendrir.

Alzire.

S’il m’aime, il est jaloux : Zamore va périr :
J’assassinais Zamore en demandant sa vie.
Ah ! Je l’avais prévu. M’auras-tu mieux servie ?
Pourras-tu le sauver ? Vivra-t-il loin de moi ?
Du soldat qui le garde as-tu tenté la foi ?

Émire.

L’or qui les séduit tous, vient d’éblouir sa vue.
Sa foi, n’en doutez point, sa main vous est vendue.

Alzire.

Ainsi grâces aux cieux, ces métaux détestés,
Ne servent pas toujours à nos calamités.
Ah ! Ne perds point de temps : tu balances encore !

Émire.

Mais aurait-on juré la perte de Zamore ?