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ACTE V, SCÈNE V. 3i3

T)c gi’Aco, un mot ; votre âiiio est noble et belle ; La cruauté n’est pas faite pour elle : N’est-il pas vrai qu’Euphénion votre fils Fut longtemps cher à vos yeux attendris ?

EUPIIÉ.MON PÈRE.

Oui, je l’avoue, et ses lâches offenses

Ont d’autant mieux nirrité mes venp : eances :

J’ai plaint sa mort, j’avais plaint ses malheurs ;

Mais la nature, au milieu de mes pleurs,

Aurait laissé ma raison saine et pure

De ses excès punir sur lui l’injure.

LISE.

Vous ! vous pourriez à jamais le punir, Sentir toujours le malheur de haïr, Et repousser encore avec outrage Ce fils changé, devenu votre image. Qui de ses pleurs arroserait vos pieds ! Le pourricz-vous ?

EUPHÉMON PÈRE.

Hélas ! vous oubliez Qu’il ne faut point, par de nouveaux supplices, De ma blessure ouvrir les cicatrices. ! \Ion fils est mort, ou mon fils, loin d’ici, Est dans le crime à jamais endurci : De la vertu s’il eût repris la trace, Viendrait-il pas me demander sa grûce ?

LISE.

La demander ! sans doute, il y viendra ; Vous l’entendrez ; il vous attendrira.

EUPHÉMON PÈRE.

Que dites-vous ?

LISE.

Oui’, si la mort trop prompte N’a pas fini sa douleur et sa honte, Peut-être ici vous le verrez mourir A vos genoux, d’excès de repentir.

ELPHK.MON PÈRE.

Vous sentez trop quel est mon trouble extrême. Mon fils vivrait !

LISE.

S’il respire, il vous aime.

Théâtre. II- 33