Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/539

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Sont, je ne sais pourquoi, pour les lioniictcs ^cns.
Voyez monsieur Cléon, ce fier mari d’Hortense,
Qui nous écrase ici du poids de sa puissance ;
Dont l’insolent accueil est un rire outrageant ;
Qui m’avilit encor, même en me protégeant ;
Qui croit que la raison n’est rien que son caprice ;
Qui nomme impudemment sa dureté, justice :
Cet homme si puissant, entre nous, quel est-il ?
Un ignare, un pauvre homme, un esprit peu subtil.
Cependant vous. voyez, il est chéri du maître ;
Chacun est son esclave, ou cherche à le paraître ;
Et moi, dans sa maison, je rampe comme un ver.

LAURE.

Pour moi, je n’ai jamais pu supporter son air.

ZOÏLIN.

Son front toujours se ride.

LAURE.

Il est dur, difficile,
Parlant peu.

ZOÏLIN.

Pensant moins.

LAURE.

Sombre.

ZOÏLIN.

Pétri de bile.

LAURE.

Si sérieux !

ZOÏLIN.

Si noir !

LAURE.

De madame jaloux,
Maître assez peu commode, et très-lacheux époux.
Je le planterai là.

ZOÏLIN.

Vous ferez à merveille.
Il faut vous établir, et je vous le conseille.
Cléon depuis longtemps me promet un emploi ;
Mais dès que je l’aurai, je vous jure ma foi
Que monseigneur Cléon reverra peu ma face.
J’ai fait assez ma cour, je veux qu’on me la fasse.
Aidez-moi seulement, je vous promets dans peu
De vous faire épouser Nicodon, mon neveu.