Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/567

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quel ennemi secret, quelles sourdes menées
Corrompraient en un jour le fruit de tant d’années ?

ARISTON.

Je m’examine à fond : j’ai beau tourner, fouiller,
C’est une énigme obscure à ne pas débrouiller.
Je tâcherai pourtant d’en percer les mystères.
Ah ! s’ils étaient tous deux des amis ordinaires,
Je pourrais justement, piqué de leur humeur,
A leur caprice indigne opposer la froideur.
Tranquille, et renfermé dans ma pure innocence,
Je laisserais leurs cœurs à leur propre inconstance.
Mais Hortense et Cléon m’ont cent fois protégé ;
De leurs nouveaux bienfaits je suis encor chargé.
Ils ont toujours des droits à ma reconnaissance ;
Le souvenir du bien l’emporte sur l’offense,
C’est à moi d’adoucir leur injuste courroux :
Oui, je vais de ce pas embrasser leurs genoux.
L’amour-propre se tait : j’écoute la tendresse.
Ami, quand le cœur parle, il n’est pas de bassesse.



FIN DU DEUXIÈME ACTE.