Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/607

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NEMESIS.

Ah ! c'est trop vous défendre[1] ;
Je sers vos tendres amours ;
Je ne veux que vous apprendre
A plaire, à brûler toujours.

PANDORE.

Mais, n'abusez-vous point de ma faible innocence ?
Auriez-vous tant de cruauté ?

NEMESIS.

Ah ! qui pourrait tromper une jeune beauté ?
Tout prendrait votre défense.

PANDORE.

Hélas, je mourrais de douleur,
Si je méritais sa colère,
Si je pouvais déplaire
Au maître de mon coeur.

NEMESIS.

Au nom de la nature entière,
Au nom de votre époux, rendez-vous à ma voix[2].

PANDORE.

.

Ce nom l'emporte, et je vous crois ;
Ouvrons.


Elle ouvre la boite ; la nuit se répand sur le théâtre, et l'on entend un bruit souterrain.


Quelle vapeur épaisse, épouvantable.

  1. Voltaire, mécontent de ce couplet, propose dans sa lettre à d'Argental, du 20 septembre 1769, de le remplacer par :

    NÉMÉSIS, sous la figure de Mercure

    Confiez-vous à moi, je viens pour vous apprendre
    Le grand secret d'aimer et de plaire toujours.

    PANDOHE.

    Ah! si je le croyais !

    NÉMÉSIS.

    C'est trop vous en défondre.
    J'éternise vos amours,
    Et vous craignez de m'entendre, etc.



    Mais Voltaire ne donne pas la fin du nouveau couplet, 11 y manque au moins un vers. (B.)

  2. « Vous ne goûtez pas la scène de la friponnerie de Mercure, écrit Voltaire à d'Argontal, mais Mercure fait là l'office du serpent qui persuada Eve. Si Eve eût mangé par pure gourmandise, cela eût été bien froid; mais le discours avec le serpent récbauffe l’histoire… Je sais fort bien que l'aventure de Pandore n'est pas à l'honneur des dieux ; je n'ai pas prétendu justifier leur providence... Au bout du compte, il faut bien que les dieux soient coupables du mal moral et du mal physique. »