Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/608

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M'a dérobé le jour et trouble tous mes sens ?
Dieu trompeur, ministre implacable !
Ah ! quels maux affreux je ressens !
Je me vois punie et coupable.

NEMESIS.

Fuyons de la terre et des airs.
Jupiter est vengé, rentrons dans les enfers.


Némésis s'abîme ; Pandore est évanouie sur un lit de gazon


PROMETHEE, arrive au fond du théâtre.

Ô surprise ! Ô douleur profonde !
Fatale absence ! horribles changements !
Quels astres malfaisants
Ont flétri la face du monde ?
Je en vois point Pandore ; elle ne répond pas
Aux accents de ma voix plaintive.
Pandore ! mais, hélas ! de l'infernale rive
Les monstres déchaînés volent dans ces climats.

LES FURIES ET LES DEMONS, accourant sur le théâtre

Les temps sont remplis :
Voici notre empire ;
Tout ce qui respire
Nous sera soumis.
La triste froidure
Glace la nature
Dans les flancs du Nord.
La Crainte tremblante,
L'Injure arrogante,
Le sombre Remord,
La Guerre sanglante,
Arbitre du sort,
Toutes les furies
Vont avec transport
Dans ces lieux impies
Apporter la mort.

PROMETHEE

Quoi ! la mort en ces lieux s'est donc fait un passage !
Quoi ! la terre a donc perd son éternel printemps,
Et ces malheureux habitants
Sont tombés en partage
A la fureur des dieux, de l'enfer, et du temps !
Ces nymphes de leurs pleurs arrosent ce rivage.
Pandore ! cher objet, ma vie et mon image,