Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/98

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ADÉLAÏnK DU GUESCLIN.

Troiivaioiit mille choinins pour a cuir jusqu’à moi. Son silence me tue ; hélas ! il sait peut-être Cet amour qu’à mes yeux son frère a fait paraître. Tout ce que j’entrevois conspire à m’alarmer ; Et mon amant est mort, ou cesse de m’aimer ! Et pour comble ilc maux, je dois tout à son frère !

TAÏSE.

Cachez l)ien à ses yeux ce danj^ereux mystère : Pour vous, pour votre amant, redoutez son courroux. Quelqu’un vient.

ADKLAÏnE.

C’est lui-même, ô ciel !

TAÏSE.

Contraicnez-vous.

SCENE III.

LE DUC DE VENDOME, ADÉLAÏDE. TAÏSE.

VENDÔME.

J’oublie à vos genoux, charmante Adélaïde,

Le trouble et les horreurs où mon destin me guide ;

Vous seule adoucissez les nuiux que nous souffrons,

Vous nous rendez plus pur l’air (jue nous respirons.

La discorde sanglante afilige ici la terre ;

Vos jours sont entourés des pièges de la guerre.

J’ignore à quel destin le ciel veut me livrer^ ;

Mais si d’un peu de gloire il daigne m’honorer,

Celte gloire, sans vous obscure et languissante.

Des flambeaux de l’hymen deviendra plus brillante.

Souffrez que mes lauriers, attachés par vos mains.

Écartent le tonnerre et Ijravent les destins ;

Ou, si le ciel jaloux a conjuré ma perte.

Souffrez que de nos noms ma tombe au moins couverte.

Apprenne à l’avenir que Vendôme amoureux

Expira votre époux, et périt trop heureux.

1. Imitation de ces vers de Cinna (acte I, scène iv) :

Si le ciel me réserve un destin rigoureux, Je mourrai tout cnscmhlo heureux et malheureux : Heureux pour vous servir d’avoir perdu la vie, Malheureux de mourir sans vous avoir servie.