Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/105

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Les enfans d’Israël ne sacrifieront plus d’hosties aux velus avec lesquels ils ont forniqué [1].

    dogme de tous les législateurs. Il est difficile de rendre raison pourquoi les loix portées dans l’exode, dans le lévitique, dans le deutéronome, ne parlent jamais de ce dogme terrible, qui seul peut mettre un frein aux crimes secrets. C’est sur-tout cette ignorance de l’immortalité de l’ame, qui a fait croire à quelques critiques que les juifs n’avaient jamais rien su de la théologie égyptienne, et qu’ils n’en avaient vu que quelques cérémonies dans la basse égypte orientale, vers le mont Casius et vers le lac Sirbon ! Que ces juifs n’étaient originairement que des voleurs arabes, qui, ayant été chassés, allerent s’emparer avec le temps d’une partie de la Palestine, et composerent ensuite leur histoire comme toute histoire ancienne a été composée, c’est-à-dire, très-tard, et avec des fictions tantôt ridicules, tantôt atroces. Nous insistons sur cette idée, parce qu’elle est malheureusement très répandue, et que de très-savants hommes, abusant de leur science et de leur esprit, ont rendu cette idée trop vraisemblable à ceux qui ne sont pas éclairés par la grace. Cette opinion de tant de savants, sur le malheureux peuple juif, est trop dangereuse à la religion chrétienne pour que nous ne la réfutions pas. Ils disent que le christianisme et le mahométisme, étant fondés sur le judaïsme, sont des enfans superstitieux d’un pere plus superstitieux encore ; que Dieu le créateur et le pere de tous les hommes n’a pu se communiquer familiérement à une horde d’arabes voleurs, et abandonner si long-temps le reste du genre humain ; ils croient que c’est offenser Dieu de penser qu’il parla continuellement à des juifs, et qu’il fit un pacte avec eux. Nous renvoyons ces incrédules aux preuves convaincantes que nous ont données tous les peres ; et parmi les modernes aux écrits des Sherlock, des Abadie, des Jaquelot, des Houteville.

  1. c’est ici un des passages de la sainte écriture des plus délicats à commenter. On entend par les velus, les boucs auxquels on sacrifiait dans le nome de Mendès en égypte. On ne doute pas que plusieurs égyptiennes n’aient adoré le bouc de Mendès, et n’aient poussé leur infamie superstitieuse jusqu’à soumettre leurs corps à des boucs, tandis que les hommes commettaient le péché d’impureté avec les chevres. Cette dépravation a été fort commune dans les pays chauds, où les troupeaux de chevres sont gardés par de jeunes gens ou par de jeunes filles. Toute l’antiquité a cru que ces conjonctions abominables produisirent les satyres, les égypans, les faunes. St Jerôme n’en doute pas ; et on ne tarit point sur des histoires de satyres. Il n’est pas impossible qu’un homme avec une chevre, et une femme avec un bouc, aient produit des monstres, qui n’auront point eu de postérité. On peut revoquer en doute l’histoire du minotaure de Pasiphaé, et toutes les fables semblables : mais on ne peut douter de la copulation de quelques femmes juives avec des bêtes. Le lévitique en parle plus d’une fois, et défend ce crime sous peine de mort. On a cru que l’antique adoration du bouc de Mendès fut la premiere origine de ce que nous appellons encore chez nous le sabat des sorciers. Les malheureux infatués de cette horreur se mettaient à genoux vis-à-vis un bouc dans leurs assemblées, et le baisaient au derriere ; et la nouvelle initiée, qui se donnait au diable, se soumettait à la lasciveté de ce puant animal, qui rarement daignait condescendre aux desirs de la femme. Ces infamies n’ont jamais été commises que par les personnes les plus grossieres de la lie du peuple ; et dans tous les procès de sortilege on ne voit que bien rarement le nom d’un homme un peu qualifié. Le lévitique dit expressément, que la bestialité était fort commune dans le pays de Canaan. Il n’y a gueres de tribunaux en Europe, qui n’aient condamné au feu des misérables convaincus ou accusés de cette turpitude : elle existe ; mais elle est très rare en Europe. On a beaucoup agité la question, si la peine du feu n’est pas