Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/113

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qu’ils descendent dans la fosse tout vivants, vous saurez qu’ils ont blasphémé le seigneur. Et dès qu’il eut cessé de parler, la terre s’entr’ouvrit sous leurs pieds, et ouvrant sa gueule elle les dévora avec toute leur substance. Et ils descendirent tout vivants dans la fosse couverts de terre, et ils périrent du milieu du peuple, et tout Israël, qui était là en cercle, s’enfuit aux cris des mourants, de peur que la terre ne les engloutît aussi. Et en même temps un feu sortit du seigneur, et tua les deux cents cinquante hommes qui offraient de l’encens. Et Dieu parla à Mosé, disant : commande au prêtre éléasar fils d’Aaron de prendre tous ces encensoirs et jetter le feu de côté et d’autre, car ils sont sanctifiés par la mort des pécheurs ; qu’il les réduise en lames, et qu’il les attache à l’autel, car ils sont sanctifiés..

    sait pas dans quel temps il fut écrit. Il est intitulé livre des choses omises par Mosé . On l’imprima à Venise en hébreu sous le titre maynshioth , sur la fin du quinzieme siecle. Le savant Gilbert Gaumin le traduisit en latin ; et Albert Fabricius l’inséra dans sa collection en 1714. En voici la traduction en notre langue. " le commencement de la querelle vint par une veuve ; elle n’avait qu’une brebis, qu’elle voulut tondre. Aaron vint et emporta la laine, en disant qu’elle lui appartenait par la loi, dans laquelle il est écrit:tu donneras à Dieu les prémices de la laine de ton troupeau. La veuve alla implorer Coré avec des larmes et des gémissemens. Coré alla vers Aaron ; mais il ne put le fléchir ; alors, prenant pitié de la veuve, il lui donna quatre pieces d’argent, et s’en retourna fort en colere. Quelque temps après, la même brebis mit son premier agneau ; dès qu’Aaron le sut il courut chez la femme, prit l’agneau et l’emporta. La pauvre veuve alla encore pleurer chez Coré; celui-ci conjura Aaron une seconde fois de rendre à la veuve son seul bien. Je ne le puis, répondit le prêtre Aaron, car il est écrit:tout mâle premier-né du troupeau sera offert au seigneur. Il retint l’agneau pour lui, et Coré le quitta furieux. La femme désespérée tua la brebis ; Aaron vint sur le champ et prit pour lui l’épaule, le cou et le ventre. Coré retourna vers Aaron, et lui fit de nouveaux reproches; il est écrit, répondit le pontife : tu donneras l’épaule, le cou et le ventre au prêtre. La veuve, poussée à bout, jura et dit : que ma brebis soit anathême. Aaron, l’ayant su, prit la brebis entiere pour lui, en disant : il est écrit, tout anathême dans Israël t’appartiendra. " l’auteur dit ensuite que Coré, Dathan et Abiran, formerent un parti considérable contre Aaron ; mais qu’ils ne furent pas les plus forts, et que quatorze mille des leurs périrent dans une bataille. On a conjecturé que cette satyre juive, la seule qui nous soit parvenue, fut écrite lorsque le grand-prêtre Jean, disputant la thiare à son frere, Jésu le tua dans le temple-même du temps du roi Artaxerxes. Nous n’entrons point dans cette vaine dispute ; nous devons rejeter tout ce qui n’est pas contenu dans les livres saints, dont nous commentons avec respect les principaux endroits, sans oser en approfondir le sens. Nous dirons seulement, que de tout temps il y eut des esprits hardis qui se piquerent d’être au-dessus des préjugés du vulgaire ; il y en a beaucoup aujourd’hui à Rome, à Constantinople, à Londres, dans Amsterdam, dans Paris, dans Pekin ; mais ils ne forment point de factions, et par-là ils ne sont pas dangereux. Or le parti de Dathan, Coré et Abiran, paraît avoir été une faction considérable, réprimée par ceux qui avaient le pouvoir en main.