Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/114

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Le lendemain toute la multitude d’Israël murmura contre Mosé et Aaron, disant : c’est vous qui avez tué les gens du peuple de Dieu. Et la sédition augmentant, Mosé et Aaron s’enfuirent au tabernacle du pacte. Quand ils y furent entrés, la nuée les couvrit, et la gloire du seigneur parut. Dieu dit à Mosé : retire-toi du milieu de cette multitude, je m’en vais les exterminer dans le moment. Ils se jetterent tous par terre. Mosé dit à Aaron : prends ton encensoir, mets-y du feu de l’autel, et va vite au peuple, prie pour eux ; car la colere est sortie du seigneur, et la plaie a commencé. Ce qu’ayant fait Aaron, et ayant couru à la multitude que le feu embrasait, il offrit de l’encens, et se tenant entre les morts et les vivants ; il pria pour le peuple ; et la plaie cessa. Le nombre de ceux qui furent frappés de cette plaie fut de quatorze mille sept cents hommes, sans ceux qui étaient morts avec Coré dans la sédition. Le seigneur parla encore à Moyse et à Aaron, disant. Voici la religion de la victime. Commande que les enfans d’Israël amenent une vache rousse, d’un âge parfait, sans tache, et qui n’ait jamais porté le joug. On la donnera au prêtre éléazar, qui la menera hors du camp et l’immolera devant le peuple. Il trempera le doigt dans son sang, et il en aspergera les portes du tabernacle. Il la brûlera devant tout le monde, tant la peau et les chairs, que le sang et la bouze… il jettera dans le feu du bois de cedre, de l’hysope et de la pourpre deux fois teinte. Il reviendra au camp, et sera impur jusqu’au soir. Un homme qui sera pur amassera les cendres de la vache, et les mettra hors du camp dans un lieu très-pur, pour en faire une eau d’aspersion [1].

  1. ce sacrifice, et cette eau de la vache rousse, furent longtemps en usage chez les juifs. Le chevalier Marsham fait voir dans son canon égyptiaque, aussi bien que Spencer, que cette cérémonie est entiérement prise des égyptiens, aussi bien que le bouc émissaire et presque tous les rits hébreux. Kirker dit, qu’on croirait que les hébreux ont tout imité des égyptiens, ou que les égyptiens ont hébraïsé ; plusieurs pensent qu’il est vraisemblable que le petit peuple se soit modélé sur la grande nation sa voisine, quoiqu’il fût son ennemi. Les uns croient que les égyptiens immolaient une vache à Isis ; les autres croient que c’était un taureau. Ce n’était point une contradiction d’avoir un taureau consacré dans un temple, et d’immoler les autres. Au contraire, dit-on, la même religion qui ordonnait la consécration du taureau symbole de l’agriculture, ordonnait qu’on immolât des taureaux et des vaches à Isheth, que les grecs nommerent Isis, inventrice de l’agriculture. Calmet dit que la vache rousse marque assez Jésu-Christ dans son agonie.