Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/225

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entre deux petits pays barbares, dont les capitales n'étaient qu'à sept ou huit lieues l'une de l'autre. Je ne parlerai de ces roitelets qu'autant qu'ils auront quelque rapport aux grands miracles que Dieu daignait faire continuellement dans ce coin du monde ignoré. Ces miracles, opérés par les prophètes juifs, soutiennent l'attention, que l'uniformité des guerres lasserait infailliblement. Je n'entrerai dans quelques détails que lorsqu'à la fin les rois de Babylone viendront venger la terre des abominations de ce peuple non moins cruel que superstitieux, lorsqu'ils brûleront Jérusalem, qu'ils disperseront dix tribus, dont on n'entendra jamais plus parler, et qu'ils mettront les deux autres dans les fers.

En ce temps Abias, fils de Jéroboam tomba malade. Et le roi de Jéroboam dit à sa femme : ma femme, déguise-toi ; change d’habit, va-t’en au village de Silo où est le prophete Hahias ; prends avec toi dix pains, un petit gâteau, un pot de miel, et va-t’en trouver le prophete ; car il te dira tout ce qui arrivera au petit enfant… or le prophete Hahias, que la vieillesse avait rendu aveugle, entendit le bruit des souliers de la reine, qui était à sa porte en Silo ; et lui dit : entre, entre, femme de Jéroboam ; pourquoi te déguises-tu ?… ceux de la maison de Jéroboam, qui demeurent dans la ville, seront mangés par les chiens ; et ceux qui mourront à la campagne seront mangés par les oiseaux ;… va-t’en donc, et sitôt que tu auras mis le pied dans la ville, l’enfant mourra[1]. Or Juda fit aussi le mal devant le seigneur. Car ils firent aussi des autels et des statues, et des bois consacrés sur les hauts. Il y eut aussi des sodomites prostitués, et des abominations. Mais la cinquieme année du regne de Roboam, Sésac, roi d’égypte, s’empara de Jérusalem, et il enleva tous les trésors de la maison du seigneur, et les trésors du roi ; il pilla tout, jusqu’aux boucliers d’or que Salomon avait faits[2]

  1. ce prophete Hahias n’est pas consolant. Mais observez qu’il n’est que prophete d’Israël ; et que, par conséquent, il est hérétique. Le peuple d’Israël était plongé dans l’hérésie ; il sacrifiait chez lui ; il ne sacrifiait point à Jérusalem. Et il n’est point exprimé que le prophete Hahias fût de la faction de Juda. Mais il y a eu de tout temps des prophetes chez les hérétiques. Jurieu l’était en Hollande, il prophétisa contre Louis Xiv. Le nommé Caré De Mongeron prophétisa en faveur des jansénistes. Il y a des prophetes par-tout.
  2. le lion de Juda, dont la verge ne devait jamais sortir d’entre ses jambes,