Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/287

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un traité solemnel avec Jérusalem, Tite-Live et les autres historiens en auraient parlé. L’orgueil juif a toujours exagéré ; mais il n’a jamais été plus ridicule. 8 on voit, bientôt après, une autre fanfaronade : c’est la prétendue parenté des juifs et des lacédémoniens. L’auteur suppose qu’un roi de Lacédémone, nommé Arius, avait écrit au grand-prêtre juif, Onias Troisieme, en ces termes : il a été trouvé dans les écritures, touchant les spartiates et les juifs, qu’ils sont freres, étant tous de la race d’Abraham ; et à présent que nous le connaissons, vous faites bien de nous écrire que vous êtes en paix ; et voici ce que nous avons répondu : nos vaches et nos moutons et nos champs sont à vous ; nous avons ordonné qu’on vous apprît cela . On ne peut traiter sérieusement des inepties si hors du sens commun. Cela ressemble à Arlequin qui se dit curé de Domfront ; et quand le juge lui fait voir qu’il a menti, monsieur, dit-il, je croyais l’être. Ce n’est pas la peine de montrer qu’il n’y eut jamais de roi de Sparte nommé Arius ; qu’il y eut, à la vérité, un aretes du temps d’Onias Premier ; et qu’au temps d’Onias troisieme Lacédémone n’avait plus de rois. Ce serait trop perdre son temps, de montrer qu’Abraham fut aussi inconnu dans Sparte et dans Athênes que dans Rome. 9 nous osons ajouter à ces puérilités si méprisables l’avanture merveilleuse d’Héliodore, racontée dans le second livre au chapitre trois. C’est le seul miracle mentionné dans ce livre ; mais il n’a pas paru croyable aux critiques. Séleucus Philopator roi de Syrie, de Perse, de la Phénicie et de la Palestine, est averti par un juif, intendant du temple, qu’il y a dans cette forteresse un trésor immense. Séleucus, qui avait besoin d’argent pour ses guerres, envoie Héliodore un de ses officiers demander cet argent, comme le roi de France François I a demandé depuis la grille d’argent de st Martin. Héliodore vient exécuter sa commission, et s’arrange avec le grand-prêtre Onias. Comme ils parlaient ensemble dans le temple, on voit descendre du ciel un grand cheval portant un cavalier brillant d’or. Le cheval donne d’abord des ruades avec les pieds de devant à Héliodore ; et deux anges, qui servaient de palefreniers au cheval armés chacun d’une poignée de verges, fouettent Héliodore à tour de bras. Onias le grand-prêtre eut la charité de prier Dieu pour lui. Les deux anges palefreniers cesserent de fouetter. Ils dirent à l’officier : rends grace à Onias ; sans ses prieres nous t’aurions fessé jusqu’à la mort. Après quoi ils disparurent.