Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/299

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C’était un devoir religieux de soutenir un Asmonéen ; un Machabée, contre un arabe d’Idumée, fils d’un payen et qui leur apportait des fers de la part de Rome. Les juifs des autres villes, et même d’Alexandrie, étaient venus défendre leur ancienne capitale. Sosius et Hérode entrerent par les breches au bout de quarante jours. Le temple extérieur fut brûlé ; et jamais le carnage ne fut plus grand. Le Machabée Antigone vint se jetter en tremblant aux pieds de Sosius, qui l’appella Antigonia par mépris ; et ce fut alors qu’Hérode obtint qu’on fît mourir ce pontife du supplice des esclaves. Cependant Hérode avait épousé la niece de ce même pontife, la célebre Mariamne ; mais les nœuds de l’alliance le retenaient encore moins qu’ils ne retinrent Pompée et César, Antoine et Octave. L’histoire de la plupart des princes est l’histoire des parents immolés les uns par les autres. Cette nouvelle prise de Jérusalem, qui ne fut pas à beaucoup près la derniere, arriva trente-trois ans avant notre ère vulgaire. Souvenons-nous ici de ce vieux Hircan, compétiteur du grand-prêtre Aristobule, par qui commença cette foule de désastres. Il avait été livré aux parthes par Antigone son neveu, qui se contenta de lui faire couper les oreilles pour le rendre incapable d’exercer jamais le sacerdoce ; attendu qu’il était dit dans le lévitique, que les prêtres doivent avoir tous leurs membres. Ce vieillard, âgé de quatre-vingts ans, obtint sa liberté des parthes, et revint auprès d’Hérode, qui avait épousé sa petite-fille Mariamne. Hérode le fit mourir, sous prétexte qu’il avait reçu quatre chevaux du chef des arabes. La véritable raison était qu’il voulait se sauver des mains de son tyran : un frere de Mariamne demandait le sacerdoce ; Hérode le fit noyer. Il avait créé grand-pontife un homme de la lie du peuple nommé Ananel. Ainsi il fut réellement le chef de l’église juive, tout étranger qu’il était. On sait par quelle barbarie ce chef de l’église fit tuer sa femme Mariamne et sa mere Alexandra ; et comment il fit ensuite égorger les deux enfants qu’il avait eus d’elle, de peur qu’ils ne la vengeassent un jour. La cruauté devint en lui une seconde nature, un besoin toujours renaissant, comme les tigres ont besoin de dévorer pour vivre. Hérode, dans sa derniere maladie, et cinq jours avant sa mort, fit encore tuer un de ses enfants nommé Antipater, aussi méchant que lui. Néron fut un homme doux et clément en comparaison d’Hérode. Ce mot célebre d’Auguste, qu’il valait mieux être son cochon que son