Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Point de temple, point de palais bien entendu, sans une belle vue et sans une grande place. Les gens qui réfléchissent demandent toujours si Hérode possédait les mines, je ne dis pas d’Ophir, mais du Potosi, pour subvenir à tant de dépenses ? Il tenait des bienfaits d’Auguste Gaza, Joppé, et le port de Straton, où il bâtit Césarée, qui pouvait être une ville aussi commerçante que Tyr. Il obtint encore de son bienfaiteur la traconite, pays qui s’étendait du mont Hermon jusqu’auprès de Damas, l’Iturie et la Calcide entre le Liban et l’Anti-Liban, et sur-tout la ferme des mines de cuivre de l’île de Cypre, qui valaient mieux que ces provinces. Ainsi Hérode put consommer en magnificence ce qu’il acquérait par son habileté, et ce qu’il entassait par les impôts excessifs établis sur tous ses sujets, dont il était autant respecté qu’abhorré. Ce temps fut, malgré sa tyrannie, le plus brillant de la Judée.


DES SECTES DES JUIFS

VERS LE TEMPS D’HÉRODE.

SADUCÉENS.

Du temps d’Hérode on disputa beaucoup en Judée sur la religion. C’était la passion d’un peuple oisif soumis aux romains, et qui jouissait de la paix avec presque tout le reste de l’empire depuis la bataille d’Actium. La philosophie de Platon, tirée en partie des anciens livres égyptiens, avait occupé Alexandrie, ville raisonneuse quoique commerçante, et avait percé, comme nous l’avons dit[1], jusqu’à Jérusalem. Il paraît qu’il y eut dans tous les temps, chez les nations un peu policées, des hommes qui s’occuperent à rechercher au moins des vérités, s’ils ne furent pas assez heureux pour en découvrir. Ils formerent des écoles, des sociétés qui subsisterent au milieu du fracas et des horreurs des guerres étrangeres et civiles. On en vit à la Chine, dans les Indes, en Perse, en égypte ; chez les grecs, chez les romains, et même chez les juifs. Parmi toutes ces sectes il y en eut de religieuses, et d’autres purement

  1. Tome XX, page 537, et ci-dessus, page 274.