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DU JOURNAL DE POLITIQUE, ETC. 399

répandit depuis contre le duc d'Orléans, régent de France, vers le temps de la mort de Louis XIV.

Quant aux confessions de la reine, qui n'avait que quatorze ans, elle fut assez adroite à cet âge, ou assez bien conseillée par la princesse des L rsins, pour assurer le jésuite Daubenton qu'elle aurait un plaisir extrême à dire tous ses pécbés au confesseur qu'il lui donnerait. C'est ici qu'on doit remarquer combien ce jésuite était dangereux. Il se fit bientôt cbasser de la cour; il y revint; il y reconfessa Pliilippe V. Si le rédacteur avait su com- ment ce moine termina sa carrière, il l'aurait peut-être publié : voici cette anecdote dans la plus exacte vérité.

Lorsque le roi d'Espagne, attaqué de vapeurs, voulut enfin abdiquer, il confia son dessein à Daubenton. Ce prêtre vit bien qu'il serait forcé d'abdiquer aussi, et de suivre son pénitent dans sa retraite. Il eut l'imprudence de révéler par une lettre la confession du roi au duc d'Orléans, régent de France, qui projetait alors le double mariage de W^^ de Montpensier. sa fille, avec le prince des Asturies, et celui de Louis XV avec l'in- fante, âgée de cinq ans. Daubenton crut que l'intérêt du régent le forcerait à détourner Philippe de sa résolution, et que ce prince lui pardonnerait toutes les intrigues qu'il avait plus d'une fois tramées à Madrid contre le ministère de France. Le régent ne les pardonna pas : il envoya la lettre du confesseur au roi, qui n'y sut autre chose que de la montrer au jésuite sans lui dire un seul mot. Le jésuite tomba à la renverse : une apoplexie le saisit au sortir de la chambre, et il mourut peu de temps après. Ce fait est décrit avec toutes ses circonstances dans V His- toire civile de Bellando, imprimée par ordre exprès du roi d'Es- pagne. Cette anecdote se trouve à la page 306 de la quatrième partie 1.

Revenons aux Mémoires d'Adrien, maréchal duc de Noailles. Voici quelle idée on y donne de Philippe V; c'est Louville, son gentilhomme, son favori, l'homme de confiance du ministre Colbert de Torcy, qui lui parle ainsi de son roi : « Il est faible, timide, irrésolu... n'a jamais de volonté, peu de sentiment... le ressort qui détermine les hommes n'est pas en lui... Dieu lui a donné un esprit subalterne... »

Les petites intrigues du palais occupent plus de deux volumes entiers. Le cardinal d'Estrées, ambassadeur à Madrid à la place de Marsin, devient l'ennemi déclaré de la princesse des Ursins,

1. Voyez la note, tome XV, page 101.

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