Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

432 COMiMENTAIRE

l'autre. Plutarque, qu'il cite, dit tout le contraire de ce qu'il lui fait dire, Plutarque, dans son Traité sur Vamour, fait parler plu- sieurs interlocuteurs. Protogène' déclame contre les femmes, mais Daphneus fait leur éloge. Plutarque, à la fin du dialogue, décide pour Daphneus: il met l'amour céleste et l'amour conju- gal au premier rang des vertus. Il cite l'histoire de Carnma, et celle d'Éponine, femme de Sabinus, comme des exemples de la vertu la plus courageuse.

Toutes ces méprises de l'auteur de l'Esprit des Lois font regret- ter qu'un livre qui pouvait être si utile n'ait pas été composé avec assez d'exactitude, et que la vérité y soit trop souvent sacri- fiée à ce qu'on appelle bel esprit.

XXXVI.

(c La Hollande est formée par environ cinquante républiques, toutes différentes les unes des autres. » (Page U6, liv. IX,chap. i.)

C'est là une grande méprise. Et pour comble il cite Janiçon, qui n'en dit pas un mot, et qui était trop attentif pour laisser échapper une telle bévue. Je crois voir ce (jui a pu faire tomber l'ingénieux Montesquieu dans cette erreur : c'est qu'il y a cin- quante-six villes dans les sept provinces unies ; et comme chaque ville a droit de voter dans sa province pour former le suffrage aux états généraux, il aura pris chaque ville pour une répu- blique.

XXXVII.

(( J'ai ouï plusieurs fois déplorer l'aveuglement du conseil de François I", qui rebuta Christophe Colomb qui lui proposait les Indes, En vérité, on lit peut-être par imprudence une chose bien sage. » (Tome II, page 55, liv. XXI, chap. xxii.)

Je tombe par hasard sur cette autre méprise, plus étonnante encore que les autres. Lorsque Colombo fit ses propositions, François I" n'était pas né. Colombo ne prétendait point aller dans l'Inde, mais trouver des terres sur le chemin de l'Inde, d'occident en orient. Montesquieu, d'ailleurs, se joint ici à la foule des censeurs qui comparèrent les rois d'Espagne, posses- seurs des mines du Mexique et du Pérou, à Midas périssant de faim au milieu de son or. Mais je ne sais si Philippe II fut si à plaindre d'avoir de quoi acheter l'Europe, grâce à ce voyage de Colombo ^

1. Les conquêtes en Amérique et les mines du Pérou enrichirent d'abord les rois d'Espagne; mais les mauvaises lois ont ensuite empêché l'Espagne de profiter

�� �