Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/450

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le meilleur prenait la femme qu’il voulait » ; et qu’un auteur de l'Opéra-Comique ait fait une farce sur cette prétendue loi, sur cette fable rapportée dans Stobée, fable qui regarde les Sunnites, peuple de Scythie, et non pas les Samnites (liy, VII, chap. xvi) ;

Qu’en Suisse « on ne paye point de tribut, mais qu’il en sait la raison particulière » (liv. XIII, chap. xii);

Que « dans ses montagnes stériles les vivres sont si chers, et le pays si peuplé, qu’un Suisse paye quatre fois plus à la nature qu’un Turc ne paye au sultan » ; on sait assez que tout cela est faux. Il y a des impôts en Suisse tels qu’on les payait autrefois aux ducs de Zeliringuen ’ et aux moines ; mais il n’y a aucun impôt nouveau, aucune taxe sur les denrées et sur le commerce. Les montagnes, loin d’être stériles, sont de très-fertiles pâturages qui font la richesse du pays. La viande de boucherie y est la moitié moins chère qu’à Paris. Et enfin un Suisse ne peut payer quatre fois plus à la nature qu’un Turc au sultan, à moins qu’il ne boive et ne mange quatre fois davantage. Il y a peu de pays où les hommes, en travaillant aussi peu, jouissent de tant d’aisance (liv. XIII, chap, xii) ;

Qu’il est dit que « dans les États mahométans on est non- seulement maître des biens et de la vie des femmes esclaves » ; ce qui est absolument faux, puisque dans le vingt-quatrième sura ou chapitre de l'Alcoran il est dit expressément : « Traitez bien vos esclaves ; si vous voyez en eux du mérite, partagez avec eux les richesses que Dieu vous a données ; ne forcez pas vos femmes esclaves à se prostituer à vous : » puisque enfin on punit de mort, à Constantinople, le maître qui a tué son esclave, à moins que le maître ne prouve que l’esclave a levé la main sur lui : et si l’esclave prouve que son maître l’a violée, elle est déclarée libre avec dépens (liv. XV, chap. xii) ;

Qu’à Patane « la lubricité des femmes est si grande que les hommes sont obligés de se faire certaines garnitures pour se mettre à l’abri de leurs entreprises ». C’est un nommé Sprenkel qui a fait ce conte absurde, bien indigne assurément de l’Esprit des Lois. Et le même Sprenkel dit qu’à Patane les maris sont si jaloux de leurs femmes qu’ils ne permettent pas à leurs meilleurs amis de les voir, elles ni leurs filles (liv. XVI, chap. x) ;

Que la féodalité « est un événement- arrivé une fois dans

��1. Les ducs de Zehringuen étaient fameux et puissants dans l’Helvétie ou Suisse, au moyen âge. Berchtold V, ie dernier de sa race, mourut en 1218.

2. Voyez ce qu’a déjà dit Voltaire à ce sujet, tome XXIX, page 91.

�� �