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SUR LE BON SENS. 159

Il y aura toujours des malheureux. Pourquoi décrier iiiio in- stitution qui les soulage ?

LXXII. — Les hommes s'imaginent que Ion peut obtenir du roi du ciel, comme des rois de la terre, la permission d'ôtre injuste et méchant, ou du moins le pardon du mal qu'on peut faire.

« Dieu fit du repentir la vertu des mortels* ».

LXXIIL — Les mortels s'imaginent pouvoir impunément se nuire les uns aux autres en faisant une réparation convenable à l'Être tout-puissant.

Mieux vaut repentir que persévérance dans le crime.

LXXIV. — Soit qu'il existe un Dieu, soit qu'il n'en existe point, soit que Dieu ait parlé, soit qu'il n'ait point parlé, les devoirs moraux seront tou- jours les mêmes, tant qu'ils auront la nature qui leur est propre, c'est-à-dire tant qu'ils seront des êtres sensibles.

Point de devoirs sans châtiment pour le transgresseur.

LXXV. — Un athée peut-il avoir de la conscience? Quels sont ses motifs pour s'abstenir des vices cachés, et des crimes secrets que les autres hommes ignorent, et sur lesquels les lois n'ont pas de prise ?

Tout cela ne répond pas à un athée qui, se croyant sûr de l'impunité, vous dit : Je suis un sot si je ne vous égorge pour avoir votre or, votre femme, votre place. Les superstitieux com- mettent mille crimes avec des remords, et les athées sans re- mords.

LXXYL — Ce sont les couleurs noires dont les prêtres se servent pour peindre la Divinité qui révoltent le cœur, forcent à la haïr et à la rejeter.

Triste et vrai.

LXXVII, — Est-il donc bien vrai que la religion soit un frein pour le peuple ?

De ce que la religion est souvent impuissante à inspirer la vertu, on ne peut inférer qu'elle est dangereuse.

LXXVIIL — Ceux qui trompent les hommes ne prennent-ils pas souvent eux-mêmes le soin de les détromper ?

Comment ? Expliquez-vous,

LXXIX, — Moïse ne fut qu'un Ég\ ptien schismatique.

S'il y eut jamais un Moïse,

1. Vers de Voltah'e dans Ohjtnine, acte II, scène ii.

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