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ACTE I, SCKNE III. 32)

Où, pour mieux assurer la lionte de leurs fers, Tous vouloicnt à leur chaîne attacher l'univers.

Les premières éditions porteiil :

Où le but (les soldats et des chefs les plus braves Ktoit d'être vainqueurs pour devenir esclaves; Où chacun trahissoit aux yeux de l'univers Soi-même et son pays pour se donner des fers.

Ce mot but, dans cette place, ne paraissait ni assez noble ni assez juste. Aux ijcux de l'uiviirj's était nn faible liémisticbe, un de ces vers oiseux qui servaient uniquement à la rime. Corneille corrigea ces deux petites fautes, et mit à la place ces vers dignes du reste de cet admirable récit.

Vers 65. Vous dirai-je les noms de ces grands personnages

Dont j'ai dépeint les morts pour aigrir les courages?

Dans le temps de Corneille on disait les courages pour les esprits. On peut même se servir encore du mot courage en ce sens: mais aigrir n'est pas assez fort. Cinna a peint les proscriptions pour faire horreur, pour enllammer les esprits, pour les irriter, pour les envenimer, pour les saisir d'indignation, pour les rem- plir des fureurs de la vengeance.

Vers 81. Mais nous pouvons changer un destin si funeste.

Il y avait auparavant :

Rendons toutefois grâce à la bonté céleste.

Vers 85. Lui mort, nous n'avons point do vengeur ni de maître.

Il veut dire : mort, il est sans vengeur, et nous sommes sans maître; en effet, c'est Rome qui a des vengeurs dans les assassins du tyran. Corneille entend donc ([u'Auguste restera sans ven- geance.

Vers 86. Avec la liberté Rome s'en va nMiaître.

S'en va renaître. Cette expression n'est point fautive en poésie, au contraire : voyez dans VIphigènie de Racine^ :

Et ce triomphe heureux qui s'en va devenir L'éternel entretien des siècles à venir.

1. Acte 1", scène V.

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