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certainement, lorsque Pascal ('crivait, nous n'étions pas si à plaindre. Nous ne sommes pas non plus si misérables aujour- d'hui.

Prônons toujours ceci, puisque Dieu nous l'envoie; Aous n'aurons pas toujours tels passe-temps. Y.

LXXl. — Si donc on peut regarder conune des enthousiastes les sectateurs de cette inorale, on ne peut se dispenser de reconnaître dans son inventeur un génie profond et une ànie sujjlime. C.

Il est vrai que c'est le sublime des petites-maisons; mais il est bien respectable. V,

LXXH. — Nous souhaitons la vérité, et ne trouvons en nous qu'incerti- tude. Nous cherchons le bonheur, et ne trouvons que misère. Nous sommes inca|)ables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, et nous sommes in- capables et de certitude et de bonheur. Ce désir nous est laissé tant pour nous punir que pour nous faire sentir d'où nous sommes tombés. P.

Comment peut-on dire que le désir du bonheur, ce grand présent de Dieu, ce premier ressort du monde moral, n'est qu'un juste supplice? éloquence fanatique! V,

LXXIII. — Il faut avoir une pensée de derrière, et juger du tout par là, en parlant cependant comme le peuple. P.

L'auteur de VÉloge i est bien discret, l)ien retenu, de garder le silence sur ces pensées de derrière. Pascal et Arnauld l'au- raient-ils gardé s'ils avaient trouvé cette maxime dans les pa- piers d'un jésuite? V.

LXXIV. — Ea plupart de ceux qui entreprennent de prouver la Divi- nité aux impies commencent d'ordinaire par les ouvrages de la nature, et ils y réussissent rarement. Je n'attaque pas la solidité de ces preuves, con- sacrées par l'Écriture sainte : elles sont conformes à la raison; mais souvent elles ne sont pas assez conformes el assez proportionnées à la disposition de l'esprit de ceux pour qui elles sont destinées.

Car il faut remarquer qu'on n'adresse pas ce discours à ceux qui ont la foi vive dans le cœur, et qui voient incontinent que tout ce qui est n'est autre chose que l'ouvrage du Dieu qu'ils adorent; c'est à eux que toute la nature parle pour son auteur, et que les cieux annoncent la gloire de Dieu. Mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte, et dans lesquels on a des- sein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de charité, qui ne trouvent que des ténèbres et obscurité dans toute la nature, il semble que ce ne soit pas le moyen de les ramoner (jue de ne leur donner, pour

1 . Cnndorcot.

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