Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

344 REMARQUES SUR CINXA.

ensemble; ils doivent être à la l'ois défiants et animés; mais ici ils ne font que raisonner. Arrêter un bonhcnr renaissant, l'expres- sion est trop impropre.

Vers 53. Mais entendez crier Rome à votre côté.

Cela est plus froid encore, parce que Maxime fait ici lentliou- siaste mal à propos. Quiconque s'échauffe trop refroidit. Maxime parle en rhéteur : il devi'ait épier avec une douleur sombre toutes les paroles de Cinna, paraître jaloux, être prêt d'éclater, se re- tenir. 11 est bien loin d'être un véritable amant, comme le disait son confident; il n'est ni un vrai Romain, ni un vrai conjuré, ni un vrai amant; il n'est que froid et faii)le. Il a même changé d'opinion, car il disait à Cinna, au second acte : Pourquoi voulez- vous assassiner Auguste, plutôt que de recevoir de lui la liberté de Rome? Et à présent il dit : Pourquoi n'assassinez-vous pas Au- guste? Veut-il, par là, faire persévérer Cinna dans le crime afin d'avoir une raison de plus pour être son délateur, comme Cinna a voulu empêcher Auguste d'abdiquer afin d'avoir un prétexte de plus de l'assassiner? En ce cas, voilà deux scélérats qui ca- chent leur basse perfidie par des raisonnements subtils.

Vers 57. Ami, n'accable plus un esprit malheureux

Qui ne forme qu'en lâche un dessein généreux ^

Voilà Cinna qui se donne lui-même le nom de lâche, et qui par ce seul mot détruit tout l'intérêt de la pièce, toute la gran- deur qu'il a déployée dans le premier acte. Que veulent dire les abois d'une vieille amitié qui lui fait pitié? Quelle façon de parler? et puis il parle de sa mélancolie'.-

Vers dern. Adieu, je me retire en confident discret.

Maxime finit son indigne rôle dans cette scène par un vers de comédie, et en se retirant comme un valet à qui on dit qu'on veut être seul. L'auteur a entièrement sacrifié ce rôle de Maxime : il ne faut le regarder que comme un personnage qui sert à faire valoir les autres.

SCÈNE III.

Vers \. Donne un phisilianc nom au i^lorieux (Mupire Du noble sentiiiient (|ue la vertu m'inspire, etc.

\. L'édition de IGGi porte :

. .. un acte généreux.

�� �