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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/391

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ACTE I, SCÈNE IV. 38<

Des chrétiens une impie assemblée

A jeté Polyeucte aux pieds de son rival.

Ce qu'on pourrait encore reprocher peut-être à ce songe, c'est qu'il ne sert de rien dans la pièce ; ce n'est qu'un morceau de déclamation. Il n'en est pas ainsi du songe d'Athalie, envoyé exprès par le Dieu des Juifs: il lait entrer Alhalie dans le temple, pour lui faire rencontrer ce même enfant (|ui lui est apparu pendant la nuit, et pour amener l'enfant même, le nœud et le dénoûment de la pièce. Un pareil songe est à la fois sublime, vraisemblable, intéressant, et nécessaire. Celui de Pauline est à la vérité un peu hors d'œuvrc, la pièce peut s'en passer. L'ou- vrage serait sans doute meilleur s'il y avait le même art que dans Athalie; mais, si ce songe de Pauline est une moindre beauté, ce n'est point du tout un défaut choquant; il y a de l'intérêt et du pathétique. On fait souvent des critiques judicieuses qui sub- sistent; mais l'ouvrage qu'elles attaquent subsiste aussi. Je ne sais qui a dit que ce songe est envoyé par le diable.

Vers lâ-l. Voilà quel est mon songe.

STRATONICE.

Il est vrai qu'il est triste.

Cette naïveté fait toujours rire le parterre ; je n'en ai jamais trop connu la raison. On pouvait s'exprimer avec un tour plus noble; mais la simplicité n'est-elle pas permise dans une confi- dente ? Ses expressions ici ne sont point comiques.

A l'égard du songe, s'il n'a pas l'extrême mérite de celui d'Athalie, qui fait le nœud de la pièce, il a celui de Camille ; il prépare.

Vers 4 23. La vision de soi peut faire quelque horreur.

La vision est banni du genre noble, et de soi l'est de tous les genres.

SCÈNE IV.

Vers o. Sévère n'est point mort.

PAULINE.

Quel mal nous fait sa vie?

Sévère n'est point mort... Ce mot seul fait un beau coup de théâtre. Et combien la réponse de Pauline est intéressante ! Que le lecteur me pardonne de remarquer quelquefois ces beautés, qu'il sent assez sans qu'on les lui indique.

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