Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/576

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

5G6 RE.MAROL'ES SUR RODOGUNE.

pas recevable? C'est qu'en ellet il y a de l'ostentation, du faste, dans l'appareil d'une douleur qu'on étale ; mais on ne peut mettre réellement du fard sur des larmes. Cette figure n'est pas juste, parce qu'elle n'est pas vraie.

Vers 61. Elle fait Ijieii sonnei-cc i^rand amour de mère.

Cette expression est trop triviale. De plus, il ne faut pas une grande pénétration pour de\iner qu'une femme si criminelle ne travaille que pour elle seule.

Vers 72. Il est (le trône ) à l'un de nous, si l'autre le consent.

Le consent n'est pas français; mais ce seul vers suffit pour démontrer combien Cléopàtrc a été imprudente avec ses deux enfants.

ACTE TROISIÈME.

SCÈNE I.

Vers 4. [Voilà) comme elle use enfin de ses fds et de moi.

Ce vers est du ton de la comédie. User de (juelquun est du style familier, et Cléopàtre n'a point usé de Rodigune. Il est triste que Rodogune n'apprenne son danger et le dessein barbai'e de Cléopàtre que par une confidente qui trahit sa maîtresse : n'ei\t-il pas été plus théâtral et plus touchant do l'apprendre par les deux frères, tous deux brûlants pour elle, tous deux consternés en sa présence ; Antiochus n'avouant rien par respect pour sa mère, et Séleucus, qui la ménage moins, dévoilant ce secret ter- rible avec horreur? Cette situation ne ferait-elle pas une impres- sion plus forte qu'une suivante qui recommande le secret à Rodo- gune de peur d'être perdue? A quoi Rodogune répond qu'elle reconnaîtra ce sermce en son lieu.

Cet avertissement que donne la suivante à Rodogune dé- montre combien Cléopàtre a été imprudente de vouloir charger ses enfants d'un crime qui n'entrera jamais dans le cœur d'aucun liomme, et il y a même beaucoup plus que de l'imprudence à proposer à deux jeunes princes, qu'on sait être vertueux, de tuer leur maîtresse. Mais comment Cléopàtre, après avoir vu avec quelle juste horreur ses enfants la regardent, a-t-elle pu confier à Laonice qu'elle a fait cette proposition à ses fils ? Quelle fureur a-t-ellc de découvrir toujoui's à une coiifidonlo, qu'elle méprise,

�� �