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90 REMARQUES SUR DON SANCHE D'A H A (.ON.

SCÈNE IV.

Vers 18. Comtes, de cet anneau dépend le diadème.

Il vaut bien un combat, vous avez tous du cœur.

Et je le garde... — A qui, Carlos? — A mou vainqueur.

Cela est digne de la tragédie la plus sublime. Dès qu'il s'agit de grandeur, il y en a toujours dans les pièces espagnoles. Mais ces grands traits de lumière, qui percent l'ombre de temps en temps, ne suffisent pas : il faut un grand intérêt; nulle Langueur ne doit l'interrompre; les raisonnements politiques, les froids discours d'amour, le glacent; et les pensées recherchées, les tours forcés, l'affaiblissent.

SCÈAE V.

Vers 13. Les rois de leurs faveurs ne sont jamais comptables; Ils font, comme il leur plaît, et défont nos semblables.

Cela n'était pas vrai dans ce temps-là; un roi de Castillc ou d*Aragon n'avait pas le droit de destituer un homme titré.

��ACTE DEUXIEME.

SCÈNE I.

Cette scène et toutes les longues dissertations sur l'amour et la fierté ont toujours un grand défaut, et ce vice, le plus grand de tous, c'est l'ennui. On ne va au théâtre que pour être ému. L'âme veut toujours être hors d'elle-même, soit par la gaieté, soit par l'attendrissement, et au moins par la curiosité. Aucun de ces buts n'est atteint quand une Blanche dit a sa reine : Vous l'avez honoré sans vous deshonorer; et que Ja reine réplique que, pour honorer sa générosité, Vamour s'est joué de son autorité, etc.

Les scènes suivantes de cet acte sont à peu près dans le même goût, et tout le nœud consiste à différer le combat annoncé, sans aucun événement qui attache, sans aucun sentiment qui inté- resse.

Il y a de l'amour, comme dans toutes les pièces de Corneille; et cet amour est froid, parce qu'il n'est qu'amour. Ces reines qui se passionnent froidement pour un aventurier ajouteraient la

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