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14 REMARQUES SDR HÉRACLIUS.

du trône, et fais place à ton maître; mais quand on entend ensuite: ii ce compte, arrogante, etc., les injures multipliées révoltent le lecteur, et font languir le dialogue.

Vers 143. A ce compte, arrogante, un fantôme nouveau, Qu'un murmure confus fait sortir du tombeau, Te donne celte audace et cette confiance!

A ce compte est du style négligé et du ton familier, qu'on se permettait alors mal à propos. Ce mot arrogante conviendrai! à Pulchérie, s'il était possible qu'un empereur et une fille d'empe- reur se dissent des injures grossières.

Vers 146. Ce bruit s'est déjà fait digne de ta croyance.

In bruit ne peut se faire digne ni indigne : cela n'est pas français, parce qu'on ne peut s'exprimer ainsi en aucune langue.

Vers 153. Et cette ressemblance où son courage aspire Mérite mieux que toi de gouverner l'empire.

C'est une faute en toute langue, parce qu'une ressemblance ne peut ni gouverner, ni mériter.

Vers 160. Sors du trône, et te laisse abuser comme moi.

Elle fait deux fois cette proposition, et la seconde est bien moins forte que la première; mais peut-elle sérieusement lui parler ainsi? Je sais que ces bravades réussissent auprès du par- terre; mais je doute qu'un lecteur instruit les approuve quand elles ne sont pas nécessaires, et quand elles sont si fortes qu'elles doivent rompre tout commerce entre les deux interlocutem s.

Vers 164. .Ma patience a fait par-delà son pouvoir.

Comment une patience fait-elle au delà de son pouvoir ? Jamais on ne peut faire que ce que l'on peut.

Vers 170. Mais choisis pour demain la mort ou l'hyménée.

Phocas enfin la menace; mais quelle raison a-t-il de persifler à lui faire épouser son fils, qui ne veul pas d'elle, et dont die ne veut pas? Il n'en a d'autre raison que celle qui lui a été sug- gérée par son confident Crispe à la première scène. Crispe lui remontre que ce mariage attirerait à la maison de Phocas l'aflfec- tion du peuple, qu'on suppose attache à la maison de Maurice: mais la haine implacable et juste de Pulchérie détruit cette rai- son. N'aurait-il pas fallu que les grands et le peuple eussent demandé le mariage de Pulchérie et de Martian?

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