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ACTE I, SCI- NE II. 13

Yers M 9. Je penche d'autant plus à lui vouloir du bien, etc.

expression de comédie.

Vers 134. Que ses longues froideurs témoignent qu'il s'irrite De ce qu'on veut de moi par-delà son mérite ; Et que de tes projets son cœur triste et confus, Pour m'en faire justice, approuve mes refus.

Cela n'est pas d'un style élégant.

Vers Mo. Ce fils si vertueux d'un père si coupable,

S'il ne devoit régner, me pourroit être aimable.

On ne peut dire : il m'est aimable, haïssable; et pourtant l'on dit: il m'est agréable, désagréable, odieux, insupportable, indiffèrent. On en a dit la raison.

Vers 4 27. Et cette grandeur même où tu le veux porter Est l'unique motif qui m'y fait résister.

Porter à une grandeur; cela n'est ni élégant ni correct. Et un motif qui fait y résister! A quoi? A cette grandeur où Ton veut porter Martian?

Vers 137. Avise; et si tu crains qu'il te fût trop infâme De remettre l'empire en la main d'une femme...

Corneille emploie souvent ce mot avise; il était très-bien reçu de son temps. Qu'il te fût infâme n'est pas français ; la langue permet qu'on dise cela m'est honteux, mais non pas cela m'est infâme. Et cependant on dit : il est infâme à fui d'avoir fait cette action. Toutes les langues ont leurs bizarreries et leurs inconsé- quences.

Vers 142. Tyran, descends du trône, et fais place à ton maître

est un vers admirable. Il le serait encore plus si l'on pouvait ainsi parler à un empereur dans une simple conversation. Il n'y a qu'une situation violente qui permette les discours violents. Il est toujours étrange que Pliocas persiste à vouloir offrir son fils à une princesse que tout autre ferait enfermer, pour l'empêcher de conspirer et pour avoir un otage.

A. B. En général, toutes les scènes de bravade doivent être ménagées par gradation. Un empereur et une fille d'empereur ne se disent point d'abord les dernières duretés; et quand une fois on a laissé échapper de ces reproches et de ces menaces qui ne laissent plus lieu à la conversation, tout doit être dit. La scène aurait fini très-heureusement par ce beau vers : Tyran, descends

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