Si les hommes ne songaient qu’a perfectionner leur goût et leur raison par les livres, les bibliothèques seraient moins nombreuses et plus utiles ; mais on veut avoir tout ce qu’on a écrit sur une matière, et tout ce qu’un homme célèbre a écrit de mauvais comme de bon, dût-on ne le jamais lire.
Cette espèce d’intempérance dans ceux qui recherchent les livres est plus pardonnable à l’égard de Pierre Corneille que de tout autre. Ses comédies, qu’on a rejetées à la fin de cette édition, sont, à la vérité, indignes de notre siècle ; mais elles furent longtemps ce qu’il y avait de moins mauvais en ce genre, tant nous étions loin de la plus légère connaissance des beaux-arts ! Pierre Corneille ouvrit la carrière du comique, et même celle de l’opéra, comme nous l’avons remarqué ailleurs[2]. On verra dans ces comédies qu’on ne joue plus depuis Molière, des vers quelquefois très-bien faits, et des étincelles de génie qui faisaient voir combien l’auteur était au-dessus de son siècle.