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30 REMARQUES SUR HÉRACL1US.

plus tragique et plus singulier que de voir deux héros, élevés dans les forêts, dans la pauvreté, dans l'ignorance d'eux-mêmes, qui déploient à la première occasion leur caractère de grandeur. Ce sujet, traite avec la vraisemblance qu'exige notre théâtre, aurait reçu de la main de Corneille les heautés les plus frap- pantes ; mais un hillct de Maurice, dans les mains de Léontine, ne peut faire ce grand effet. Cela exige des vers de discussion qui énervent le tragique et refroidissent le cœur; aussi la pièce est, jusqu'à présent, plutôt une affaire difficile à démêler qu'une tragédie.

Vers 12 Vous fiiez en mes mains

Quand on ouvrit Byzance au pire des humains.

On sent bien qu'il fallait une expression plus noble que pire des humains.

Vers 19. Ce zèle sur mon sang détourna votre perte.

Ce vers est trop obscur. Comment détourne-t-on la perte d'un autre sur son sang ?

Vers 21. Mais j'offris votre nom, et ne vous donnai pas. Cette subtilité affaiblit le pathétique de l'image.

LÉONTINE , faisant un soupir.

Vers 27. Ah ! pardonnez de grâce, il m'échappe sans crime.

Cela ne serait pas souffert à présent. Il était aisé de mettre : Pardonnez ce soupir, il m'échappe sans crime. Le mal est que ce soupir d'une mère est accompagné d'une dissimulation qui affai- blit tout sentiment tendre. Léontine ne se montre jusqu'ici qu'une intrigante qui a voulu jouer un rôle à quelque prix que ce fût.

Vers 28. J'ai pris pour vous sa vie, et lui rends un soupir.

n'est pas français; il faut fai donné sa vie pour vous, et non pas j'ai pris.

\'( rs 34. Il nous fit de sa main celle haute fortune.

De sa main est de trop.

Vers 30. Voilà ce que mes soins vous laissoient ignorer; Et j'altendois, seigneur, à vous h' déclarer, Que, par vos grands exploits, votre rare vaillance Put faire à l'uni /ers croire votre naissance, El qu'une occasion pareille à ce grand bruit Nous pût de son aveu promettre quelque fruit.

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