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ACTE 111, SCÈNE I.

n'est que dans sa faible tragédie d'Alexandre, où il \ oui;. i t imiter Corneille, où il fait dire à Éphestion :

Fidèle confident du beau feu de mon maître l .

Vers 72. Régnez sur votre cœur avant que sur Byzancc; Et, domptant comme moi ce dangereux mutin, Commencez à répondre à ce noble destin.

Ce dangereux mutin est une expression qui ne convient que dans une épigramme.

Vers 77. Et ce grand nom sans peine a pu vous enseigner Comment dessus vous-même il vous falloit régner.

Un grand nom qui enseigne comment il faut régner dessus soi-même ! Martian caché sous une aventure, et qui a pris la tein- ture d'une âme commune ! Que d'incorrection ! que de négligence ! quel mauvais style !

Vers 81. Il n'est pas merveilleux si ce que je me crus Mêle un peu de Léonce au cœur d'Héraclius... C'est Léonce qui parle, et non pas votre frère.

Ce trait prouve encore la vérité de ce qu'on a dit, qu'on cou- rait alors après les tours ingénieux et recherchés.

Vers 85. Mais si l'un parle mal, l'autre va bien agir.

Cela confirme encore la preuve que le mauvais goût était dominant, et que Corneille, malgré la solidité de son esprit, était trop asservi à ce malheureux usage ; il y a même du comique dans ces oppositions de Léonce avec Martian, et ce jeu de Léonce qui parle, avec Martian qui agit, ressemble à l'Amphitryon, qui V rejette sur l'époux d'Alcmène les torts reprochés à l'amant d'Alc- mène. Ces artifices réussissent beaucoup plus dans le comique, et sont puérils dans la tragédie.

Vers 87. Je vais des conjurés embrasser l'entreprise,

Puisqu'une âme si haute à frapper m'autorise, Et tient que pour répandre un si coupable sang L'assassinat est noble et digne de mon rang.

Pulchérie n'a point dit cela. On peut hasarder que l'assassinat est peut-être pardonnable contre un assassin ; mais que l'assas- sinat soit digne du rang suprême, c'est une de ces idées mon- strueuses qui révolteraient si leur extrême ridicule ne les rendait sans conséquence.

1. Alexandre, acte II, scène i.

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