Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/621

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

.SUPPLÉMENT AUX OEUVRES EN PROSE. CI!

5. — A M. FABRY.

19, Fernej (17

11 est évident, mon cher monsieur, que le mémoire contre notre pauvre petite province a été suggéré par quelqu'un des employés dans le sel et dans le tabac, car d'où M. d'Érigny pourrait-il savoir qu'il y a eu dans ce pays-ci une dupe qui a acheté des terres au denier soixante? La malignité de nos ennemis conclut, de ce que j'ai fait un mauvais marché, que le pays est la terre promise ! C'est très-mal conclure : j'écris à M. Bouret, mon ami, frère de M. d'Érigny, une lettre assez forte dans laquelle j'allègue les mêmes rai- sons à peu près que vous verrez dans le projet de mémoire que je vous envoie suivant vos ordres, pour que vous ayez la bonté de le rectifier. Je pense qu'il ne s'agit plus de discuter les choses qui ont été tant rebattues, mais qu'il faut s'attacher, dans notre mémoire, à mettre le conseil de notre côté, à faire sa propre affaire de la nôtre, à intéresser M. do Trudaine, 'qui se trouve compromis, sans trop offenser les fermiers généraux, que nou-; supposons être trompés par un de nos ennemis.

L'arrangement du sel forcé est si raisonnable que nous devons espérer beaucoup de M. de Trudaine, des bons oilices de monsieur l'intendant, et même de la conversion de M. d'Érigny. Donnez-moi d'ailleurs vos ordres, et soyez sûr, monsieur, de mon zèle pour le bien public et de l'attachement pour votre personne, avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, votre très- humble, obéissant serviteur.

Voltaire.

6. — A M. FABRYi.

25, à Fernej' (1704).

Je crois, mon cher monsieur, qu'il ne serait pas mal que nous dînassions et soupassions ensemble avec M. de Varny. Il est temps de représenter plus fortement que jamais au conseil l'état de la province. Un de nos fléaux est que nos paysans abandonnent la charrue pour servir les Genevois en qualité de lapidaires et d'horlogers. On a bien défendu de faire de nouveaux vignobles; à plus forte raison doit-on défendre aux cultivateurs de travailler pour l'étranger à un art très-inutile aux dépens de l'agriculture.

Je n'ai fait au reste que jeter en hâte sur le papier mes réponses aux objections de Sedillot adoptées par M. d'Érigny. Vous aurez sans doute dressé un mémoire détaillé, dans lequel vous aurez approfondi ce que je n'ai pu qu'effleurer.

J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que vous me connaissez, monsieur, votre très-humble obéissant serviteur.

Voltaire.

��1. La suscription porte : « A monsieur, monsieur Fabri, maire et subdélégué à Gex. » Scellé en cire rouge.

�� �