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612 APPENDICE.

7. — A M. AMELOT,

INTENDANT DE BOURGOGNE.

A Ferney, 10 avril 176L

Monsieur, il y a longtemps qu'on m'avait remis ce mémoire pour vous être présenté dans un voyage que je devais faire à Dijon. Les maladies dont je suis accablé ne m'ayant pas permis de vous faire ma cour, je remplis au moins les vœux de notre petite province. Il n'est que trop vrai que l'abus dont on se plaint est très-préjudiciable, et que nos cultivateurs seronl bii ntôl des horlogers employés par Genève. Nous avons plus de besoin de charrue que de montres, et c est ici le cas où le nécessaire doit l'emporter sur le superflu. Pour moi, monsieur, je me borne uniquement à espérer votre pro- tection pour notre pauvre petit pays. Je ne doute pas que si vous voulez bien représenter au conseil l'état où nous sommes, vous ne fassiez rendre un arrêt qui défende aux paysans de quitter la culture des terres pour servir les horlogers de Genève. Nous attendons tout de votre sagesse et de votre bienveillance.

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, monsieur, votre très- humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire .

8. — MÉMOIRE SUR L'ÉTAT DE L'AGRICULTURE

DU PAYS DE G E X .

(1764.)

Le pays de Gex est très-peu fertile, et coûte beaucoup à cultiver. On n'y sème communément les terres que de deux années l'une, et on est obligé de leur donner trois forts labeurs, outre celui de la semaille : c'est la règle prescrite dans les grangeages.

Pour faire le premier labeur on emploie quatre bœufs forts ou quatre chevaux, et dans le milieu de ce pays, où les terres sont plus fortes, on est obligé d'en employer six pour faire une bonne besogne.

Après tous ces labeurs dispendieux, les terres du pays de Gex ne rendent communément que trois pour un, dont un retourne en terre pour semailles. Ainsi une coupe, qui est une mesure d'environ 110 livres, poids de 18 onces, produit deux coupes, outre celle qu'on emploie pour la semaille.

La coupe sème environ les deux tiers d'une pose, et la pose, soit jour- nal, étant dans ce pays de 500 toises de huit pieds, ce qu'on appelle une coupe de semature est une étendue do 333 toises et 2/3 de toise.

La culture d'une coupe de semature coûte pour les trois labeurs et la semaille 11 liv. 10 s.

A reporter 11 liv. 10 s.

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