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ANNÉE 1731.

Adieu ; je ne vous mande aucune nouvelle, parce que je n’ai pas encore vu, et même ne verrai de longtemps, aucun de ces fous qu’on appelle le beau monde. Je vous embrasse de tout mon cœur, et me compte quelque chose de plus que votre très-humble et très-obéissant serviteur, car je suis votre ami, et vous suis tendrement attaché pour toute ma vie.



219. — À M. DE CIDEVILLE.
Ce dimanche, 5 août 1731.

Je vous remercie, mon cher ami, de votre prose et de vos vers. Je ne trouve jamais rien à ajouter à ce que vous pensez et à ce que vous dites ; mais j’ai pris, selon ma louable coutume, la liberté de réduire les vers à quatre ; on les trouve charmants : tout le monde, c’est-à-dire le petit nombre de ceux qui aiment le bon, les savent par cœur, et ignorent le nom de l’auteur. Enfin l’impitoyable M. de Maisons a vu César, et l’approuve. Le P. Porée, par une modestie à laquelle il ne gagnera rien, veut esquiver la dédicace. Ériphyle, si j’ai quelque crédit, ne sera jouée qu’à la Saint-Martin, et n’en vaudra que mieux. Jore doit avoir reçu l’Essai sur la Poésie épique, que je vous supplie de lire : j’attends des nouvelles de M. de Formont et ............. .............adieu ; je vous souhaite des maîtresses qui vous soient attachées comme je le suis.



220. — À M. DE CIDEVILLE.
13 août 1731.

Voici donc tout simplement, mon cher Ovide de Neustrie, comme j’ai rédigé vos vers ; non que je ne les aimasse tous, mais c’est que des Français en retiennent plus aisément quatre que douze :

La Faye est mort ; V***[1] se dispose
À parer son tombeau des plus aimables vers.
Veillons pour empêcher quelque esprit de travers
De l’étourdir d’une ode en prose.

J’ai pris, comme vous voyez, l’emploi de votre abréviateur, tandis que je vous laisse celui de tuteur de la Henriade et de l’Essai sur l’Épopée. Vous êtes d’étranges gens de croire que je m’ar-

  1. M. Clogenson croit, et je suis de son avis, qu’il faut lire ici Voltaire. (B.)