Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
CORRESPONDANCE.

Pressez donc notre cher Cideville de nous envoyer sa petite drôlerie. Je vous embrasse de tout mon cœur.



238. — À M. DE MONCRIF[1].
Janvier 1732.

Vous savez peut-être, monsieur, qu’il m’arriva, il y a plus de deux ans, le même malheur, au sujet de la Henriade, que je viens d’éprouver par rapport au roi de Suède. On m’a saisi à Calais les exemplaires que je destinais à ceux qui avaient souscrit en France. J’ai été un peu plus heureux ce mois-ci ; il vient de m’arriver un ballot d’exemplaires de la Henriade ; c’est une nouvelle édition in-octavo avec beaucoup de changements, une préface assez considérable et des notes. Je fais travailler aussi à une autre édition in-quarto, ornée de planches. Mon dessein est de faire délivrer l’une et l’autre aux souscripteurs, sans qu’il leur en coûte rien, afin de les dédommager d’avoir attendu si longtemps un ouvrage qui méritait si peu de se faire attendre. Comme vous avez eu la bonté, monsieur, de me procurer quelques souscripteurs, je prends la liberté de vous supplier de me faire savoir leurs noms, afin que je m’acquitte de mon devoir envers vous et envers eux. Je leur enverrai ce que j’ai, et je me hâterai, de peur qu’on ne me saisisse encore.

Je suis, avec toute l’estime et tout l’attachement possibles, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,



239. — À M. DE MONCRIF[2].

Je suis si malade ce matin que je ne peux sortir ; et pour comble de disgrâce, je dois lire ce soir Ériphyle, à sept heures, chez moi. Je vous demande en grâce, mon cher monsieur, de m’excuser auprès de Son Altesse sérénissime, si je ne suis pas à son lever. C’est une entreprise digne du grand Condé par la difficulté, que de vouloir faire entendre raison à des comédiens ; mais je suis sûr que tout ira bien, puisqu’il daigne s’en mêler. Mon embarras à présent est de savoir si Ériphyle méritera tant de bontés. Vous devriez venir l’entendre à sept heures ; on juge encore mieux à une seconde lecture. Vous savez que je ne de-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.