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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/27

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ANNÉE 1713.

bon temps ; le ciel n’a pas été d’airain pour luy, au plus fort de sa prière, le ciel a donné une pluye abondante ; voylà à peu prez ce qui s’est passé icy. Il ne me reste plus pour jouir des vacances que d’avoir le plaisir de vous voir à Paris, mais bien loing de pouvoir vous posséder, je ne puis mesme avoir le bonheur de contenter mon amitié par une plus longue lettre ; la poste, qui va partir, me force de me dire à la hâte votre très humble et très obéissant serviteur et amy,

Arouet.



6. — À MADEMOISELLE DUNOYER[1].

1713.
Lisez cette lettre en bas, et fiez-vous au porteur.

Je crois, ma chère demoiselle, que vous m’aimez ; ainsi préparez-vous à vous servir de toute la force de votre esprit dans cette occasion. Dès que je rentrai hier au soir à l’hôtel, M. L.[2] me dit qu’il fallait partir aujourd’hui, et tout ce que j’ai pu faire a été d’obtenir qu’il différât jusqu’à demain ; mais il m’a défendu de sortir de chez lui jusqu’à mon départ ; sa raison est qu’il craint que madame votre mère ne me fasse un affront qui rejaillirait sur lui et sur le roi. Il ne m’a pas seulement permis de répliquer, il faut absolument que je parte, et que je parte sans vous voir. Vous pouvez juger de ma douleur ; elle me coûterait la vie, si je n’espérais de pouvoir vous servir en perdant votre chère présence. Le désir de vous voir à Paris me consolera dans mon voyage. Je ne vous dis plus rien pour vous engager à quitter votre mère, et à revoir votre père[3], des bras duquel vous avez été arrachée pour venir ici être malheureuse.... Si vous balanciez un moment, vous

    pères jésuites, ses confrères, ne crurent pas lui rendre un plus grand honneur qu’en inhumant son corps dans l’église du collége Louis-le-Grand, où il professait la rhétorique, alternativement avec le P. Lejay, depuis 1708. (H. B.)

  1. Les quatorze lettres de Voltaire à Mlle Olympe ou Pimpette Dunoyer (voyez tome XV, page 127) ont été publiées pour la première fois dans l’édition de 1720 des Lettres historiques et galantes de Mme Dunoyer. On les comprit dans le tome V d’une Collection complète des Œuvres de M. de Voltaire, Amsterdam, 1704 ; mais elles n’étaient point dans les éditions faites à Kehl. M. Renouard les admit, en 1821, dans son édition des Œuvres de Voltaire. Les lacunes qu’elles présentent donnent à penser que Mme Dunoyer a supprimé les passages qui n’étaient pas flatteurs pour elle. (B.)
  2. Il faut lire : Monsieur l’Ambassadeur, le marquis de Châteauneuf. Ces abréviations furent faites par la mère de Mme Dunoyer, qui publia ces lettres d’amour.
  3. Le père de Mlle Dunoyer vivait en France. La fille avait suivi sa mère, qui, protestante, s’était expatriée.