Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/462

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lement un évangile chez lui. Je serais charmé de pouvoir aller dans quelque temps à Canteleu ; mais la chose me paraît hien difficile. Me voici bientôt excommunié dans toutes les paroisses, et brûlé dans tous les parlements : cela est beau, j’en conviens ; mais cette gloire est un peu embarrassante ; je vous avoue que,

Nec vixit male, qui natus moriensque fefellit.

(Hor., lib. I, ep. xvii v. 10.)

Et bene qui latuit bene vixit.

(Ovid., Trist., II, el. iv.)

Mais que voulez-vous que fasse un pauvre homme, quand on débite des livres sous son nom, qu’on l’excommunie, et qu’on le brûle, malgré qu’il en ait ? Adieu, mon cher Formont ; je vous aime tendrement pour toute ma vie,


423. — Á MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.
De Cirey.

Je suis pénétré, madame, de vos bontés. Ce pays-ci, qui n’était d’abord pour moi qu’un asile, est devenu, grâce à vous, un séjour délicieux, que je voudrais habiter toute ma vie. Il me semble que ma patrie doit être où vous habitez, Paris est partout où vous êtes. Je prends la liberté de vous envoyer une hure de sanglier. Ce monsieur vient d’être assassiné tout à l’heure, pour me donner occasion de vous faire ma cour. Je vous faisais chercher un chevreuil ; mais on n’en a point trouvé. Ce sanglier était destiné à vous donner sa hure. Je vous jure que je fais très-peu de cas d’une tête de cochon sauvage, et je crois bien que cela ne se mange que par vanité ; mais je n’ai rien autre chose à vous offrir. Si j’avais pris une alouette, je vous la présenterais de même, dans la confiance d’un homme qui croit que le cœur fait tout.


424. — Á MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.
1734.

Si je reviendrai vous faire ma cour, madame ! En doutez-vous ? Je vais demain à Circy pour des terrasses et des cheminées ; et de là je revolerai à la Neuville, pour jouir de la société la plus délicieuse et la plus respectable que je connaisse. Il faudrait être bien ennemi de soi-même, et bien haïr la vertu, pour ne pas retourner chez vous.