de ce prince à tous ceux ; qui ont eu l’honneur de le voir me le fait comparer aux grands hommes de l’antiquité. Je lui ai rendu, dans mon sixième chant[1], un hommage qui, je crois, doit d’autant moins lui déplaire qu’il est moins suspect de flatterie, et que c’est à la seule vertu que je le rends. Vous verrez par l’argument de chaque livre de mon ouvrage que le sixième est une imitation du sixième de Virgile. Saint Louis y fait voir à Henri IV les héros français qui doivent naître après lui ; je n’ai point oublié parmi eux M. le maréchal de Villars ; voici ce qu’en dit saint Louis :
Regardez dans Denain l’audacieux Villars
Disputant le tonnerre à l’aigle des Césars,
Arbitre de la paix que la victoire amène,
Digne appui de son roi, digne rival d’Eugène.
C’était là effectivement la louange la plus grande qu’on pouvait donner à M. le maréchal de Villars, et il a été lui-même flatté de la comparaison. Vous voyez que je n’ai point suivi les leçons de Lamotte, qui, dans une assez mauvaise ode à M. le duc de Vendôme, crut ne pouvoir le louer qu’aux dépens de M. le prince Eugène et de la vérité.
Comme je vous écris tout ceci, Mme la duchesse de Sully m’apprend que vous avez mandé à M. le commandeur de Comminges que vous irez cet été aux Pays-Bas. Si le voisinage de la France pouvait vous rendre un peu de goût pour elle, et que vous pussiez ne vous souvenir que de l’estime qu’on y a pour vous, vous guéririez nos Français de la contagion du faux bel esprit, qui fait plus de progrès que jamais. Du moins si on ne peut espérer de vous revoir à Paris, vous êtes bien sûr que j’irai chercher à Bruxelles le véritable antidote contre le poison des Lamotte. Je vous supplie, monsieur, de compter toute votre vie sur moi comme sur le plus zélé de vos admirateurs.
Je suis, etc.
J’attends votre retour avec la plus grande impatience du monde. Je prends du Vinache[3] et ne vas point à Villars ; voilà