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CORRESPONDANCE.

65. — À MADEMOISELLE ***[1].

À Cambrai, ce 30 octobre.

Mademoiselle, je me souviens avec trop de plaisir de l’honneur que j’ai eu de vous voir dans cette ville, pour n’y point profiter de la permission que vous m’avez donnée de vous écrire. Souffrez que je vous dise, avec ma franchise ordinaire, que je n’ai jamais trouvé personne qui eût plus d’esprit et d’agrément que vous, et qui fût plus faite pour réussir dans la bonne compagnie. Ne regardez point ce que je vous dis comme un discours flatteur, mais comme les expressions d’un homme vrai, qui souhaite infiniment que vous cultiviez l’esprit que la nature vous a donné, et que vous en fassiez bientôt et longtemps usage à Paris. Ce sera une grande satisfaction pour moi si je peux vous y faire ma cour. En attendant, je vous supplie de m’honorer de quelques-uns de vos ordres. Quand vous voudrez avoir ou des livres ou toute autre chose en quoi je pourrai vous servir, ayez la bonté de vous adresser à moi ; vous serez servie avec l’empressement que vous devez attendre de vos courtisans.

Je prends la liberté, mademoiselle, de mettre dans cette lettre le projet d’un ouvrage qui doit paraître bientôt. Je serai infiniment flatté si ce projet vous donne quelque curiosité, et si l’ouvrage a un jour votre approbation. Si vous avez quelques avis à me donner, je demeure à Paris, à l’hôtel de Richelieu. Je suis, avec une estime très-respectueuse, mademoiselle, votre, etc.

Voltaire.


66. — À M. THIERIOT.

Au Bruel.

J’arrive au Bruel, et j’en pars. Tandis qu’on me botte, je vous écris. J’ai lu, à Orléans, la réponse[2] à l’abbé Houteville, qui me paraît bien plus écrite contre la religion que contre cet abbé. Je ne sais pas pourquoi vous méprisez ce livre. Je vous en parlerai plus en détail dans ma première épître.

Je vous prie de faire imprimer et distribuer le projet en question, et de délivrer des souscriptions aux libraires. Je n’en don-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Par Desfontaines.