Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

628. — À M. THIERIOT.
À Cirey, ce 6 août.

Eh bien ! vous souffrez qu’on imprime la Henriade, et vous n’envoyez pas vos remarques ? Ah, cochon[1] !

· · · · · · · · · · · · · · · Ducis sollicitæ jucunda oblivia vitæ.

(Hor., liv. II, sat. vi, v. 62.)

Tenez, voici des réponses[2] aux trois Épîtres du doyen des fripons, des cyniques, et des ignorants, qui s’avise de donner des règles de théàtre et de vertu, après avoir été sifflé pour ses comédies et banni pour ses mœurs,

Tertius e cœlo cecidit Cato.

(Juven., sat. vii, v. 40.)

Mettez cela dans vos archives. Vous me devez un volume de réflexions, d’anecdotes, de confidences, d’amitiés, etc. Adieu ; servez-vous de tout votre cœur et de tout votre esprit pour dire à Pollion combien je l’aime et je l’estime. Ne m’oubliez pas auprès de la muse Deshayes[3], d’Orphée-Rameau, et de l´imagination du petit B…[4]. Allons, paresseux, écrivez donc. Adieu ; je retourne à Newton, et je vous aime de tout mon cœur.


629. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE[5].
À Berlin, 8 août 1736.

Monsieur, quoique je n’aie pas la satisfaction de vous connaître personnellement, vous ne m’en êtes pas moins connu par vos ouvrages. Ce sont

  1. Dans le recueil de MM. de Cayrol et François, on trouve la même lettre avec la variante : Ah, pourceau d’Épicure ! au lieu de Ah, cochon !
  2. Voyez, tome XXII, page 233, l´Utile Examen, etc.
  3. Mlle  Deshayes, alors la maîtresse de La Popelinière, devint sa femme en 1737. Voltaire l’appelle souvent Polymnie. Elle mourut en 1752, séparée de son mari. Son Extrait du livre de M. Rameau intitulé Génération harmonique fut imprimé dans le tome XIII du Pour et Contre, pages 34 et suiv. (B.)
  4. Ballot, cité dans la lettre du 15 juillet 1735 à Thieriot.
  5. Frédéric, roi de Prusse, né le 24 janvier 1712.

    Les uns l’appellent Frédéric III, parce que son aïeul et son père se nommaient aussi Frédéric ; les autres le nomment Frédéric II, parce que son père était moins connu sous le nom de Frédéric que sous celui de Guillaume ; mais il n’y a point de contestation sur le titre de grand qu’on lui donne communément en Europe.

    Il faut l’envisager sous plusieurs aspects différents.

    Comme guerrier, on est convenu que Frédéric, et Maurice, comte de Saxe,