Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/124

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heureuse liberté avec laquelle vous écrivez des choses pleines d’esprit. Mais enfin me voilà lié avec vous, monsieur, par les motifs de l’estime et de la reconnaissance.

Si vous avez quelques ordres à me donner, adressez-les à Vassy en Champagne. Je passe ma vie auprès de Vassy, dans une retraite délicieuse où je ne regrette que d’être inutile aux personnes qui pensent comme vous. Je suis, avec bien de l’estime, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


637. — À M. THIERIOT.
Le 5 septembre.

J’ai reçu, mon cher ami, le prologue et l’épilogue de l´Alzire anglaise : j’attends la pièce pour me consoler, car, franchement, ces prologues-là ne m’ont pas fait grand plaisir. Je vous avoue que, si j’étais capable de recevoir quelque chagrin dans la retraite délicieuse où je suis, j’en aurais de voir qu’on m’attribue cette longue épître[1] de six cents vers dont vous me parlez toujours, et que vous ne m’envoyez jamais. Rendez-moi la justice de bien crier contre les gens qui m’en font l’auteur, et faites-moi le plaisir de me l’envoyer.

Nous aurez incessamment votre Chubb[2] et votre Descartes. Vous me prenez tout juste dans le temps que j’écris contre les tourbillons, contre le plein[3], contre la transmission instantanée de la lumière, contre le prétendu tournoiement des globules imaginaires qui font les couleurs, selon Descartes ; contre sa définition de la matière, etc. Vous voyez, mon ami, qu’on a

  1. Je n’ai pu me procurer cette pièce, à laquelle, dans ses Observations sur les écrits modernes (tome VII. page 44), Desfontaines donne le titre de Réponse aux trois épîtres nouvelles du sieur Rousseau. Voltaire, qui dit ici que cette Réponse a six cents vers, parle de cinq à six cents dans la lettre à Mlle  Quinault, du 6 septembre ; et de huit cents dans celle à Berger, du 18 septembre. La Bibliothèque française, qui en transcrit quinze vers (tome XXIV, pages 179-180), en porte le nombre à environ trois cents : elle avait parlé de six cents, tome XXIII, page 358. Le Voltariana, tome Ier, page 7, donne les deux premiers vers de la Réponse :
    De Molpomène ignorant pédagogue,
    Qui sur le Pinde aboyant comme un dogue,
    et en rapporte vingt autres vers, parmi lesquels sont ceux qu’avait cités la Bibliothèque française. Voltaire, dans sa lettre à Thieriot du 23 juin, assure en connaître l’auteur ; mais il cache son nom, qui est resté inconnu. (B.)
  2. Voyez, tome XXVI, la quatrième des Lettres à S. A. monseigneur le prince de ***
  3. Les Éléments de la philosophie de Newton ; voyez tome XXII, pages 393 et suivantes.