Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/278

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J’attends copie de la transaction avecc Demoulin, que je vous prie de m’envoyer aussi par M. du Châtelet, qui va partir.

Je supplie monsieur votre frêre de me faire avoir exactement les journaux. Il me manque ceux d’avril, et nous sommes à la fin de mai. J’attends aussi la suite des Pour et Contre, depuis le n° 209, et ce qui précède et ce qui suit les quatre tomes VIII, IX, X, XI des Observations. Vous devez avoir reçu le télescope et les livres doubles. J’écrirai incessamment à l’abbé Nollet, et je vous éricrai de lui donner de l’argent.

J’attends une rescription de 3,000 livres (ou 1,000). Il me semble que vous m’avez envoyé plus de 10,000 livres depuis le mois de janvier, sans compter ce que vous avez payé pour moi. C’est aller grand train.

Je vous embrasse tendrement.


753. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
(Cirey) mai.

J’ai reçu la lettre du prince philosophe[1], et j’apprends qu’il y a un gros paquet pour moi entre les mains du sieur Dubreuil-Tronchin, à Amsterdam.

Ce paquet est probablement la seconde partie de la Métaphysique ; tout est de votre ressort, prince inimitable. Je suis avec Votre Altesse royale comme un cercle infiniment petit, concentrique à un cercle infiniment grand ; toutes les lignes du cercle infiniment grand vont trouver le centre du pauvre infiniment petit ; mais quelle différence de leur circonférence ! J’aime tout ce que votre génie aime ; mais je touche à peine ce que vous embrassez. Je vois non-seulement le protecteur de Wolff, mais une intelligence égale à lui. Je vais oser parler à cette intelligence.

Vous me faites l’honneur de me dire qu’un être tel que l’homme ne saurait être fini et infini à la fois, et que cela impliquerait contradiction : il est vrai qu’il ne saurait être fini et infini dans le même sens ; mais il peut être fini physiquement, et être divisible à l’infini géométriquement. Cette division à l’infini n’est autre chose que l’impossibilité d’assigner un dernier point indivisible, et cette impuissance est ce que les hommes appellent infini en petit ; de même que l’impuissance d’assigner les bornes de l’étendue est ce que nous appelons l’infini en grand.

Par exemple, soit une unité : 1 est fini ; mais prenez 1/2, 1/4

  1. Lettre 748.