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(De l’écriture de l’abbé Monssinot.) J’ai consulté avec la personne votre projet d’expérience, et elle dit que la réflexion des rayons du soleil se porte toute au centre d’un grand miroir, et que, dans les cinq petits, ces ravons ne peuvent se rassembler de même. Les points d’incident (incidence) pourront bien se rassembler à un même concours, ce qui ne fera pas le même effet du grand miroir. Il est d’avis par conséquent que pour faire votre expérience il faudrait que les cinq miroirs fussent de ( ? ) foyers, et me marquer de quel foyer est celui que vous avez déjà. À l’égard des quatre à fournir, on les fera de tel foyer que vous jugerez à propos. Et mandez dans quoi vous les voulez monter, ou si vous les voulez tous nus.


758. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 18 (juin 1737).

Je vous traite, mon cher abbé, comme le diable de Papefiguière : je ne cesse de vous accabler de commissions.

L’affaire de Bouillé-Ménard a fini par une délégation de M. de Richelieu.

La proposition du payement de la pension à M. Pâris de Montmartel, la petite lettre à écrire dans quelque temps à M. de Lézeau, le payement des mille livres de Demoulin et Hébert, voilà bien du temporel.

À l’égard du spirituel : visite à M. de Fontenelle, et explication sur ce qu’on entend par la propagation du feu ; pièces qui ont été présentées pour les prix de l’Académie des sciences ; petits miroirs pour faire une expérience : c’est encore de la besogne.

Je voudrais que vous engageassiez le marchand de ces petits miroirs à les reprendre quand on s’en sera servi, et à fournir un grand miroir ardent convexe des deux côtés, et porté sur son pied.

Mais voici une autre négociation de savant où il faut, s’il vous plaît, que vous réussissiez, et, surtout, mon cher abbé, que je ne sois point deviné.

Les raisonneurs, au nombre desquels je m’avise quelquefois de me fourrer, disputent si le feu est pesant ou non. M. Lemery, dont vous m’avez envoyé la Chimie, prétend (chapitre v) qu’après avoir calciné vingt livres de plomb il les a trouvées augmentées de cinq livres, en les repesant après la calcination ; il ne dit point s’il a pesé ou non la terrine dans laquelle cette calcination a été faite, s’il est entré du charbon dans son plomb ; il suppose tout simplement, ou plutôt tout hardiment, que le plomb s’est

  1. Édition Courfat.